Analyse
Patients atteints de diabète de type 2 : moins de néphropathie chronique avec un régime alimentaire sain
15 07 2014
Professions de santé
Texte sous la responsabilité de la rédaction néerlandophone
Nous avons déjà commenté dans la revue Minerva une étude qui montrait que, chez les patients présentant une néphropathie diabétique, la prise quotidienne d’un comprimé contenant une préparation à dose élevée de vitamine B versus un placebo, entraînait une aggravation du débit de filtration glomérulaire (GFR) et une augmentation de la survenue des événements vasculaires (1,2).
Une étude d’observation publiée en 2013 examine l’influence de l’alimentation sur l’apparition ou l’aggravation d’une néphropathie chronique chez les patients atteints de diabète de type 2 (3). Les investigateurs ont sélectionné tous les patients ayant un diabète de type 2 avec normoalbuminurie ou microalbuminurie de l’étude ONTARGET, une étude multicentrique, randomisée contrôlée, en double aveugle, qui évaluait l’effet du telmisartan et/ou du ramipril sur la prévention des événements cardiovasculaires chez des personnes présentant un risque cardiovasculaire élevé (4,5). Au total, 6 213 patients ayant un diabète de type 2, âgés en moyenne de 66 ans, dont 30 % de femmes environ, ont été suivis pendant 5,5 ans. La qualité des habitudes alimentaires été évaluée en début de suivi, en déterminant le score modifié du Alternate Healthy Eating Index (mAHEI). Plus le mAHEI est élevé, plus la personne mange souvent sainement (comme des fruits et des légumes) ; à l’inverse, plus le mAHEI est bas, plus la personne mange souvent mal (comme des aliments frits). 8,3 % des patients sont décédés et 31,7 % ont développé une insuffisance rénale chronique (IRC). Comparée aux personnes du dernier tercile du mAHEI, celles du premier tercile, présentent une diminution du risque de décès (OR de 0,61 avec IC à 95 % de 0,48 à 0,78) et une diminution du risque de néphropathie chronique (OR ajusté 0.61 avec IC à 95 % de 0,64 à 0,84). Une néphropathie chronique est définie comme : une microalbuminurie ou une macroalbuminurie nouvellement apparue, ou une diminution du débit de filtration glomérulaire de plus de 5 % par an, ou une IRC terminale. Les auteurs ont tenu compte de nombreux facteurs de confusion, tels que l’âge, la durée du diabète de type 2, la présence d’albuminurie au début du suivi, la pression artérielle moyenne, la prise d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine et la prise de sartans. Une consommation plus importante de légumes et de fruits est associée à un risque plus faible d’apparition de nouvelle néphropathie chronique ou l’aggravation d’une néphropathie chronique. Une consommation modérée d’alcool également, tant en ce qui concerne les néphropathies chroniques (OR 0,75 avec IC à 95 % de 0,65 à 0,87) que la mortalité (OR 0,69 avec IC à 95 % de 0,53 à 0,89). Une trop faible consommation de protéines animales s’accompagne d’une plus grande fréquence de survenue ou d’aggravation d’une néphropathie chronique (OR 1,16 avec IC à 95 % de 1,05 à 1,30) par rapport à une forte consommation. Par ailleurs, aucun lien entre la consommation de sel et la survenue ou l’aggravation d’une néphropathie chronique n’a été montré.
Les résultats de cette étude confirment ceux de l’étude « Nurses’ Health » (6) qui a montré que, par comparaison avec un régime occidental, un régime alimentaire plus sain était associé à une diminution moins importante du débit de filtration glomérulaire, même si seulement 23 % des personnes participant à cette étude avaient un diabète de type 2.
Conclusion
Cette analyse d’un sous-groupe d’une étude multicentrique, randomisée contrôlée, en double aveugle, montre qu’un régime alimentaire plus sain, avec plus de fruits et de légumes et une consommation limitée d’alcool, semble diminuer le risque d’apparition d’une nouvelle néphropathie chronique ou le risque d’aggravation d’une néphropathie chronique existante chez les patients atteints de diabète de type 2. Une consommation trop faible de protéines animales est associée à une fréquence plus importante de survenue et d’aggravation d’une néphropathie chronique, mais aucun lien avec la consommation de sel n’est observé.
Références
- House AA, Eliasziw M, Cattran DC, et al. Effect of B-vitamin therapy on progression of diabetic nephropathy. JAMA 2010;303:1603-9.
- Hellemans R, Verpooten GA. Effet des vitamines B sur la progression de la néphropathie diabétique. MinervaF 2011;10(6):71-2.
- Dunkler D, Dehghan M, Teo KK, et al; ONTARGET Investigators. Diet and kidney disease in high-risk individuals with type 2 diabetes. JAMA Intern Med 2013;173:1682-92.
- ONTARGET Investigators, Yusuf S, Teo KK, Pogue J, et al. Telmisartan, ramipril, or both in patients at high risk for vascular events. N Engl J Med 2008;358:1547-59.
- Chevalier P. Sartan ou IEC chez des patients à haut risque vasculaire ? MinervaF 2008;7(8):116-7.
- Lin J, Fung TT, Hu FB, Curhan GC. Association of dietary patterns with albuminuria and kidney function decline in older white women: a subgroup analysis from the Nurses’ Health Study. Am J Kidney Dis 2011;57:245-54.
Auteurs
Van Pottelbergh G.
KIC Zorg, Departement Gezondheidszorg en Technologie, KHLeuven
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