Revue d'Evidence-Based Medicine
Editorial: Du «House of Commons» britannique au parlement belge
Minerva 2005 Volume 4 Numéro 10 Page 147 - 147
Professions de santé
Dans le précédent éditorial, nous vous promettions
de vous commenter le rapport du «House of Commons» britannique 1,2. A la demande du «Health Committee», section
parlementaire pour la Santé publique, une enquête a été faite concernant
l'influence de l'industrie pharmaceutique sur la recherche pour les
médicaments, sur l'information les concernant et destinée aux médecins et aux
patients, et sur l'évaluation de l'efficacité et de la sécurité de ceux qui arrivent
sur le marché. Un certain nombre des analyses remarquables faites dans ce
rapport ont déjà été présentées dans Minerva 3,4.
Nous nous limiterons à commenter, ici, quelques propositions.
Le rapport insiste sur la nécessité particulière
d'améliorer l'information pour les patients,
par exemple en rédigeant de meilleures notices. Il appelle à la prudence en
ce qui concerne un élargissement de l'information, concernant les
médicaments, en provenance directe de l'industrie pharmaceutique au patient. Il
demande aussi que les associations de patients fassent connaître leurs
sponsors et les financements accordés. Pour les autorités, le rapport prévoit une montagne de propositions: un travail
amélioré des commissions des médicaments et de remboursement de ceux-ci, un
système de surveillance post-marketing plus performant, une meilleure
implantation des guides de pratique, etc. Il faut souligner le plaidoyer de
ce rapport pour une recherche médicamenteuse multidisciplinaire, incluant cliniciens, pharmacologues,
pharmaciens tout comme chercheurs des sciences fondamentales. Une attention
plus importante aux effets indésirables et une recherche des traitements non
médicamenteux doivent être stimulées. Une analyse critique est développée,
accompagnée de propositions, concernant l'information fournie par l'industrie pharmaceutique: limitation du nombre de médicaments «me-too»,
interdiction du «ghost-writing» (auteurs qui, contre remboursement, prêtent
leur nom à une publication), brider une promotion agressive et limiter
l'information pour la promotion de nouveaux médicaments. La proposition de
constituer un registre de toutes les études cliniques projetées ou en cours,
en prévention du risque de biais de publication, est déjà en cours de réalisation.
La commission constate que les campagnes de
promotion intensive ont un effet réel et que peu de mesures sont prises à
leur encontre. Elle propose, pour ce motif, de familiariser les étudiants en
médecine, déjà au cours de leur formation, avec l'évaluation des études cliniques
et des visites des délégués médicaux des firmes pharmaceutiques. Des
exercices de prescription rationnelle sont nécessaires, pour tous les
praticiens, et le comportement individuel de prescription doit être contrôlé
de manière plus stricte. Le rapport plaide pour la création de commissions
des médicaments incluant, aux côtés des médecins, des pharmacologues
cliniques et des pharmaciens. Dans les hôpitaux, ce processus est déjà en
cours pour l'élaboration d'un formulaire. Il doit également, et d'urgence,
être appliqué en première ligne de soins, dans laquelle, par exemple, 80% des
antibiotiques sont prescrits. Le rapport ajoute que ces commissions doivent
accepter les nouveaux médicaments avant toute prescription en première ligne
de soins.
Certains médecins se protègent et ne reçoivent pas
de représentants des firmes pharmaceutiques. Cette attitude comporte trois
avantages: la charge de travail diminue, les coûts diminuent pour le patient
et la société, et la qualité des soins est améliorée 5.
D'autres n'ont pas encore, hélas, trouvé la voie vers une information
indépendante. La société peut-elle encore longtemps accepter passivement
cette situation 6? Au Royaume-Uni, une incitation
(financière) pour des soins de qualité, tels que la gestion d'un dossier médical
global ou la prise en charge du risque cardiovasculaire, se montre efficace 7. La liberté thérapeutique doit être mise en
perspective dans la responsabilité scientifique, éthique et sociale du médecin,
soutenue par les trois piliers de l'EBM. En concertation avec tous les
travailleurs de la santé, la société peut finalement prendre ses responsabilités.
C'est un sujet brûlant d'actualité aussi bien pour les médecins que pour les
autorités. Pourquoi attendre encore pour un débat parlementaire prioritaire
sur ce sujet, lieu où la société, avec la participation de tous les
intéressés, peut trancher dans le vif? Londres nous montre la voie.
M. De Meyere
Références
- House of Commons Health Committee. The influence
of the pharmaceutical industry. 2005. http://www.publications.parliament.uk/pa/cm200405/cmselect/cmhealth/42/42.pdf
- Ferner RE. The influence of Big pharma. BMJ
2005;330:857-8.
- Roland M. La revue Minerva: indépendante et complète?
[Editorial] MinervaF 2004;3(5):70.
- De Meyere M. Is academische
geneeskunde te koop? [Editoriaal] Huisarts Nu (Minerva) 2000;29:264-5.
- Griffith D. Reasons for not seeing drug representatives. BMJ 1999;319:69-70.
- Bogaert M. Informatie over
geneesmiddelen aan artsen en apothekers. Brussel: Koninklijke Akademie voor
Geneeskunde van België, 2005.
- Cole A. UK GP activity
exceeds expectations. BMJ 2005;331:536.
Auteurs
De Meyere M.
Vakgroep Huisartsgeneeskunde en Eerstelijnsgezondheidszorg, UGent
COI :
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