Analyse


Résistance à l’aspirine : un rôle de l’enrobage gastrorésistant ?


28 05 2013

Professions de santé

Analyse de
Grosser T, Fries S, Lawson JA, et al. Drug resistance and pseudoresistance: an unintended consequence of enteric coating aspirin. Circulation 2013;127:377-85.


Conclusion
Cette étude montre que certains tests incitent à conclure à une résistance à l’aspirine à enrobage gastroprotecteur chez certains patients alors qu’il ne s’agit que d’un retard et d’une diminution d’absorption par rapport à une aspirine à libération immédiate. Une conséquence clinique de cette différence n’est pas évaluée.


 


Texte sous la responsabilité de la rédaction francophone

 

Nous vous avons présenté dans la revue Minerva (1), la méta-analyse de Krasopoulos et coll. (2) qui concluaient que les patients résistants à l’aspirine (pour certains tests) ont une majoration importante de risque de survenue d’une morbidité cardiovasculaire à long terme par rapport à ceux qui sont sensibles à l’aspirine. Nous avions souligné les limites méthodologiques importantes de cette étude, l’absence de tests de référence universellement admis pour déterminer une résistance à l’aspirine et les opinions d’experts fort divergentes quant à l’existence ou non d’une résistance à l’aspirine.

Une publication récente de Grosser et coll. (3) relance ce débat à propos de l’aspirine à enrobage gastroprotecteur. Les auteurs ont recherché une résistance à l’aspirine (325 mg) chez 400 volontaires sains. Dans une première phase d’étude, ils ont distingué 3 groupes : 1) administration d’aspirine à libération immédiate et mesure de la réponse (activité de l’aspirine sur la cyclo-oxygénase 1, dosage de la thromboxane B2 (TxB2) urinaire) après 8 heures ; 2) administration d’aspirine à enrobage gastroprotecteur et mesure après 8 heures ; 3) administration d’aspirine à enrobage gastroprotecteur et mesure après 4 heures. Aucune absence de réponse (« résistance ») n’est observée dans le premier groupe alors qu’elle est de 24% dans le deuxième et de 59% dans le troisième. Dans une deuxième phase d’étude, ils ont répété les tests chez les « répondeurs » comme les « non-répondeurs de la phase 1, et la non réponse a chuté à 7% dans le groupe 2 et à 26% dans le groupe 3. Dans une troisième phase, ils ont administré 81 mg d’aspirine par jour durant 7 jours (avec 7 autres jours d’administration de 75 mg quotidiens de clopidogrel pour comparaisons) à des cohortes plus réduites de « répondeurs » et de « non-répondeurs » issus des 2 phases précédentes. . Un seul patient précédemment « non-répondeur » a encore présenté une non réponse  au test TxB2, tout en montrant une réponse à l’aspirine dans un test ex vivo. Par contre, dans cette phase 3, 2 sujets jugés répondeurs dans les phases 2 et 3 n’étaient plus répondeurs.

Les auteurs concluent ne pas avoir trouvé un seul patient, parmi les 400 évalués, présentant une résistance à l’aspirine, mais, par contre, des cas de pseudorésistance reflétant une absorption retardée et réduite d’aspirine pour la présentation à enrobage gastro-protecteur.

 

Conclusion

Cette étude montre que certains tests incitent à conclure à une résistance à l’aspirine à enrobage gastroprotecteur chez certains patients alors qu’il ne s’agit que d’un retard et d’une diminution d’absorption par rapport à une aspirine à libération immédiate. Une conséquence clinique de cette différence n’est pas évaluée.

 

 

Références

  1. Chevalier P. Résistance à l’aspirine et risque cardiovasculaire accru ? MinervaF 2008;7(4);52-3.
  2. Krasopoulos G, Brister SJ, Beattie WS, Buchanan MR. Aspirin “resistance” and risk of cardiovascular morbidity: systematic review and meta-analysis. BMJ 2008;336;195-8.
  3. Grosser T, Fries S, Lawson JA, et al. Drug resistance and pseudoresistance: an unintended consequence of enteric coating aspirin. Circulation 2013;127:377-85.
Résistance à l’aspirine : un rôle de l’enrobage gastrorésistant ?



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