Analyse
AINS topiques pour une douleur aiguë
28 01 2011
Professions de santé
Nous avons commenté dans Minerva (1) une méta-analyse (2) montrant l’efficacité supérieure à celle d’un placebo mais limitée dans le temps (dans les deux premières semaines de traitement mais non à quatre semaines) des AINS topiques pour le traitement des symptômes liés à l’arthrose, avec un biais de publication cependant très probable.
Nous avons également analysé (3) une RCT (4) montrant le bénéfice temporaire (à 6 semaines) d’un gel de diclofénac versus gel sans diclofénac dans le traitement de la douleur de l’arthrose des mains, avec amélioration de la raideur et des capacités fonctionnelles.
Une méta-analyse de la Cochrane Collaboration récemment publiée (5) évalue l’efficacité de ces AINS topiques pour le traitement de certaines douleurs aiguës chez les adultes. De qualité méthodologique discutable pour certains aspects, elle a recherché les RCTs évaluant l’efficacité des AINS topiques versus placebo ou autre produit actif chez des adultes se plaignant de douleur suite à une entorse, à des lésions d’origine sportive ou de « fatigue » (tendinite, mal de dos aigu), l’entorse de cheville étant l’exemple typique. 47 études, incluant 3 455 patients (âge moyen de 22 à 57 ans), ont été reprises, évaluant des AINS en gel, crème ou spray ; l’hétérogénéité est importante pour l’ensemble des études (test I² 74%) mais aussi par AINS évalué (test I² >50%). Les auteurs font cependant une analyse en mode d’effets fixes et soulignent en outre l’hétérogénéité clinique entre les populations d’étude ! Un biais de publication n’est pas exclu. Leur méta-analyse montre un NST de 4,5 (IC à 95% de 3,9 à 5,3) pour un soulagement de la douleur d’au moins 50% pour des périodes de 6 à 14 jours. Environ 6 à 7 patients sur 10 ont un contrôle suffisant de leur douleur sur 7 jours avec l’AINS topique, versus 4 pour le placebo (en raison de l’évolution spontanément favorable). Montrent une efficacité similaire, le diclofénac, l’ibuprofène, le kétoprofène et le piroxicam, sans données suffisantes pour les comparer (ni les comparer versus administration par voie orale du même médicament). L’indométacine et la benzydamine (non commercialisée en Belgique) ne se montrent pas significativement plus efficaces qu’un placebo. Une réaction cutanée est possible (6% des sujets), généralement légère et transitoire, non différente de celle sous placebo (véhicule sans produit actif).
L’avantage de l’administration locale d’AINS est qu’elle provoque une concentration sanguine de 1/20ème maximum par rapport à l’administration orale, avec une toxicité gastroduodénale moindre. Le risque au point de vue insuffisance cardiaque ou rénale est mal évalué. De telles complications n’ont pas été observées dans les études reprises dans cette synthèse.
Conclusion
Cette méta-analyse montre un bénéfice des AINS topiques pour diminuer, versus évolution spontanée, une douleur aiguë liée à une lésion musculo-tendineuse (foulure, entorse, « fatigue »). Les preuves sont cependant de qualité discutable.
Références
- Chevalier P. AINS topiques dans l’arthrose. MinervaF 2005;4(5):78-80.
- Lin J, Zhang W, Jones A, Doherty M. Efficacy of topical non-steroidal anti-inflammatory drugs in the treatment of osteoarthritis: meta-analysis of randomised controlled trials. BMJ 2004;329:324-9.
- Chevalier P, Laekeman G. Diclofénac pour l’arthrose des mains. MinervaF 2010;9(4):48-9.
- Altman RD, Dreiser RL, Fisher CL, et al. Diclofenac sodium gel in patients with primary hand osteoarthritis: a randomized, double-blind, placebo-controlled trial. J Rheumatol 2009;36:1991-9.
- Massey T, Derry S, Moore RA, McQuay HJ. Topical NSAIDs for acute pain in adults. Cochrane Database Syst Rev 2010, Issue 6.
Ajoutez un commentaire
Commentaires