Revue d'Evidence-Based Medicine



BPCO : corticostéroïdes inhalés et pneumonie



Minerva 2010 Volume 9 Numéro 3 Page 40 - 40

Professions de santé


Analyse de
Sin DD, Tashkin D, Zhang X, et al. Budesonide and the risk of pneumonia: a meta-analysis of individual patient data. Lancet 2009;374:712-9.


Conclusion
En usage chronique dans la BPCO, les CSI augmentent très probablement le risque de survenue d’une pneumonie. Une exception pour le budésonide est incertaine.


 

Suites en bref...

Cette rubrique de Minerva vous propose un bref résumé de nouvelles études concernant des sujets précédemment traités dans Minerva. Le comité de rédaction estime que l’information nouvelle ne nécessite pas une analyse développée de la publication tout en justifiant une mise au courant de nos lecteurs, en recadrant ces nouvelles données dans la précédente évaluation publiée par nos soins.

 

Nous avions déjà évoqué dans Minerva (1) une potentielle augmentation du risque de pneumonie en cas d’administration prolongée de corticostéroïdes inhalés (CSI) pour traiter une BPCO. Dans une synthèse systématique de la littérature (2) seules trois études évaluaient ce risque, études hétérogènes ; dans deux études une augmentation de risque était observée (RR 1,55 ; IC à 95% 1,33 à 1,80). Une méta-analyse (3) évaluant ce risque dans des RCTs d’une durée de 24 semaines à 3 ans et mentionnant les cas de pneumonie, recense 18 RCTs incluant un total de 16 996 patients. Les études sont de qualité variable ; les biais sont non évaluables pour 9 d’entre elles. Cette MA montre un risque accru de pneumonie sous CSI versus contrôle : RR 1,60 ; IC à 95% de 1,33 à 1,92 ; p<0,001 ; I² 16%. Ceci représente respectivement 7,4% et 4,7% des patients. Il en est de même versus placebo (N=6) ou pour l’association CSI + LABA versus LABA seuls (N=7). Le risque de pneumonie sévère est également significativement augmenté mais pas la mortalité liée à la pneumonie ni la mortalité globale.

 

Une méta-analyse plus récente (4), sur données individuelles, ne concerne que le budésonide, associé ou non avec un LABA, versus contrôle (placebo ou formotérol seul) sur une durée de 6 mois minimum, ce qui est fort peu. L’estimation est faite sur 12 mois maximum pour la méta-analyse. Elle inclut 7 RCTs, 7 042 patients ; 22% au stade GOLD IV, 52% au stade III, 16% au stade II, et 10% au stade I. Un quart des patients concernés ne devraient donc pas avoir de CSI selon les recommandations. Elle ne montre pas de différence significative d’incidence de pneumonie versus contrôle, l’incidence étant d’environ 3% dans les deux groupes. L’incidence de pneumonie sévère est cependant plus élevée (2%) en cas de BPCO sévère qu’en cas de BPCO légère à modérée (1%). Les arrêts d’étude sont importants : 30% dans les groupes contrôles, 23% sous CSI. Toutes les limites énoncées appellent à la réserve pour les conclusions de cette méta-analyse qui mentionnent la sécurité du budésonide dans cette indication.

 

Conclusion

En usage chronique dans la BPCO, les CSI augmentent très probablement le risque de survenue d’une pneumonie. Une exception pour le budésonide est incertaine.

 

 

Références

  1. Chevalier P. Médicaments inhalés pour le traitement de la BPCO stable. MinervaF 2008;7(3):34-5.
  2. Wilt TJ, Niewoehner D, MacDonald R, Kane RL. Management of stable chronic obstructive pulmonary disease: a systematic review for a clinical practice guideline. Ann Intern Med 2007;147:639-53.
  3. Singh S, Amin AV, Loke YK. Long-term use of inhaled corticosteroids and the risk of pneumonia in chronic obstructive pulmonary disease: a meta-analysis. Arch Intern Med 2009;169:219-29.
  4. Sin DD, Tashkin D, Zhang X, et al. Budesonide and the risk of pneumonia: a meta-analysis of individual patient data. Lancet 2009;374:712-9.
BPCO : corticostéroïdes inhalés et pneumonie



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