Revue d'Evidence-Based Medicine
Chondroïtine et gonarthrose
Suites en bref...
Cette rubrique de Minerva vous propose un bref résumé de nouvelles études concernant des sujets précédemment traités dans Minerva. Le comité de rédaction estime que l’information nouvelle ne nécessite pas une analyse développée de la publication tout en justifiant une mise au courant de nos lecteurs, en recadrant ces nouvelles données dans la précédente évaluation publiée par nos soins. |
L’intérêt de la chondroïtine (associée ou non à la glucosamine) dans le traitement de la gonarthrose (1,2) (et de la coxarthrose (3)) a déjà été abordé plusieurs fois dans Minerva. La méta-analyse évaluant la chondroïtine seule (3) montrait l’absence d’un bénéfice clinique pertinent sur la douleur dans les études (trois) de méthodologie correcte et avec échantillon de patients suffisamment important. Parmi ces 3 recherches figuraient l’étude GAIT (1). Quant à l’effet sur l’évolution de l’espace articulaire, les biais de publications et les échantillons faibles ne permettaient pas de conclusion formelle. Une publication ultérieure de l’étude GAIT (n=1583) ne montrait pas d’effet significatif (au moins 0,2 mm) de la chondroïtine sur l’espace articulaire à 2 ans de traitement.
Une nouvelle RCT (4) évalue l’efficacité d’une dose quotidienne de 800 mg de sulfate de chondroïtine (n=309) versus placebo (n=313) sur l’évolution de l’espace articulaire (critère de jugement primaire) du genou arthrosique sur une période de 2 ans. Elle montre une diminution de l’espace dans les 2 groupes mais significativement moindre sous chondroïtine que sous placebo : efficacité moyenne de 0,14 mm (IC à 95% de 0,06 à 0,21 mm ; p<0,0001). Notons cependant un taux important de sorties d’étude (31% sous chondroïtine, 33% sous placebo). Les auteurs signalent que, parmi les caractéristiques initiales des patients, seul l’IMC influence le résultat du traitement : au plus l’IMC est élevé, au plus le traitement est efficace. Cependant, comme le tableau comparateur des caractéristiques initiales des patients montre un IMC en moyenne plus élevé dans le groupe placebo (pas d’analyse statistique), un doute est permis ; une analyse des résultats avec un ajustement pour cette variable aurait été intéressante.
Conclusion
Au vu de l’ensemble de la littérature, nous ne disposons toujours pas de preuve solide d’une efficacité de la chondroïtine dans la gonarthrose, entre autres sur l’évolution de l’espace articulaire et surtout la pertinence clinique de l’ampleur de l’effet observé dans ce domaine.
Références
- Chevalier P. Glucosamine et/ou chondroïtine pour la gonarthrose ? MinervaF 2006;5(10):156-8.
- Chevalier P. Glucosamine et/ou chondroïtine et espace articulaire. MinervaF 2009;8(4):52.
- Chevalier P. Chondroïtine et gonarthrose ou coxarthrose. MinervaF 2007;6(9):140-1.
- Kahan A, Uebelhart D, De Vathaire F, et al. Long-term effects of chondroitins 4 and 6 sulfate on knee osteoarthritis. Arthritis Rheum 2009;60:524-33.
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