Revue d'Evidence-Based Medicine
La Revue Minerva: indépendante ou indépendance impossible?
Minerva 2005 Volume 4 Numéro 9 Page 131 - 131
Professions de santé
La majorité des membres du comité de rédaction de Minerva étant constituée de médecins de famille ou de pharmaciens, nous pensons garder une oreille attentive. Plusieurs sont également membres de sociétés scientifiques, ce qui nous permet aussi de connaître ce qui agite la base. Dans les couloirs, et parfois lors des réunions, de ces associations, une question survient de temps à autre: la Revue Minerva est-elle si indépendante qu'elle le prétend?
«A bien parler serfs ne sont francs». Dans chaque numéro de notre Revue, figure la mention claire de notre financement: l'I.C.H.O. (structure interuniversitaire de formation des futurs médecins généralistes néerlandophones) et les sociétés scientifiques de médecine générale francophone et néerlandophone - soutien qui ne nous est probablement pas reproché -, le Ministère des Affaires Sociales et le Collège Intermutualiste.
Il faut, tout d'abord, rappeler le besoin très important d'une information indépendante pour endiguer l'information à but promotionnel de l'industrie pharmaceutique. Pour les sceptiques, nous leur conseillons la lecture d'un brillant rapport de la House of Commons britannique 1, rapport commenté dans le BMJ 2. Sa lecture est indispensable pour tout décideur et tout lecteur de Minerva! Nous y reviendrons certainement. En second lieu, Minerva s'est déjà penchée sur cette question et ce problème a déjà été abordé dans deux de nos éditoriaux 3,4.
Dans une récente communication de l'Académie Royale de Médecine de Belgique, Marc Bogaert mentionnait que l'information indépendante financièrement soutenue par les autorités est facilement décrite comme étant le porte-voix des politiques et uniquement diffusée en vertu de considérations budgétaires: «La méfiance de nombreux professionnels vis-à-vis de l'information indépendante doit disparaître» 5. La Revue Minerva est également soutenue par le Collège Intermutualiste, ce qui fait froncer quelques autres sourcils.
La condition sine qua non est bien sûr l'indépendance de la rédaction vis-à-vis de toute source. Cette condition figure non seulement dans nos statuts, elle est aussi vécue au quotidien depuis toujours. Jamais, les autorités ou les mutuelles ne nous ont fait part de remarques orales ou écrites. La phrase «les autorités doivent bien comprendre que le fait de subsidier une information indépendante ne signifie pas pour eux un droit de contrôle» 5 a été bien respectée, également par le Collège Intermutualiste.
La rédaction de Minerva est consciente de l'influence possible de la part des associations ou organisations qui la financent. Nous demandons donc à nos lecteurs de nous indiquer avec précision les textes qui ne reposeraient pas sur l'EBM et soutiendraient préférentiellement les intérêts de l'une ou l'autre association ou organisation.
Le fait que les institutions précitées soutiennent, ensemble, la Revue Minerva et respectent son indépendance rédactionnelle, est un fait unique en Belgique. Dans les pays qui nous sont voisins, d'autres formes de financement de l'information pharmacothérapeutique indépendante existent, par exemple le «Drug and Therapeutics Bulletin» au Royaume-Uni qui est soutenu par une association de consommateurs. La dernière possibilité est un financement par les lecteurs, médecins et pharmaciens: un défi qui reste actuellement un rêve lointain.
Le point essentiel pour une revue interuniversitaire telle que Minerva est son indépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique. Nous renvoyons le lecteur, à ce propos, à un précédent éditorial «La médecine académique est-elle à vendre?» 6. La rédaction de Minerva est constituée principalement d'académiques, sur lesquels des pressions sont également possibles, quelques expériences du rédacteur en chef pouvant en témoigner. Certaines personnes réalisant pour nous des analyses d'études ne partagent pas totalement, par ailleurs, les objectifs finaux de Minerva. Nous allons, à l'avenir, publier les conflits d'intérêt de tous les auteurs d'analyses, y compris les membres de la rédaction. Minerva balaie devant sa porte.
En 2002, l'Académie Royale de Médecine de Belgique formulait un avis concernant les implications d'intérêt de l'industrie pharmaceutique dans les revues médicales, les associations et les universités: un lourd silence en fut le seul écho 7. La Revue Minerva lance un thème important sur les ondes de la discussion… avec l'espoir de susciter une véritable polyphonie.
M. De Meyere,
Au nom de toute la rédaction
Références
- House of Commons Health Committee. The influence of the pharmaceutical industry. 2005. http://www.publications.parliament.uk/pa/cm200405/cmselect/cmhealth/42/42.pdf
- Ferner RE. The influence of big pharma. BMJ 2005;330:855-6.
- De Meyere M. Cinq ans pour Minerva. [Editorial] MinervaF 2004;3(2):19.
- Roland M. La revue Minerva: indépendante et complète? [Editorial] MinervaF 2004;3(5):70.
- Bogaert M. Informatie over geneesmiddelen aan artsen en apothekers. Brussel, Koninklijke Academie voor Geneeskunde van België, 2005.
- De Meyere M. Is academische geneeskunde te koop? [Editoriaal] Huisarts Nu (Minerva) 2000;29:264-5.
- Koninklijke Academie voor Geneeskunde van België. De relatie tussen artsen en de farmaceutische bedrijven. Tijdschr Geneeskd 2002;58:1617-9.
Auteurs
De Meyere M.
Vakgroep Huisartsgeneeskunde en Eerstelijnsgezondheidszorg, UGent
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