Revue d'Evidence-Based Medicine



Messages clés



Minerva 2002 Volume 1 Numéro 8 Page 14 - 14

Professions de santé


 

1. Les principaux médicaments préconisés pour les patients déments et les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ont une pertinence clinique limitée. La médication ne guérit pas la maladie, mais peut en ralentir l’évolution chez certains patients. Aucun effet évident sur les activités quotidiennes et sur la qualité de vie n’a été démontré. Tout au plus, existe-t-il un léger ralentissement de la régression des fonctions cognitives : 1 à 2 points sur l’échelle MMSE (total sur 30 points) en comparaison avec une diminution de 4 à 5 points par an avec un placebo. Les patients eux-mêmes n’ont pas conscience d’une amélioration. Des études à long terme et des analyses coûts-bénéfices manquent. Une amélioration accompagnée d’effets secondaires indésirables est observée chez 30 % des patients : après 2 ans, il y a arrêt de traitement chez 90 % des patients, en raison d’un manque d’efficacité du traitement ou d’effets secondaires. La prévention d’un placement précoce dans une institution n’est pas étayée, entre autre parce qu’une telle décision ne dépend pas uniquement de la gravité de la démence, mais bien de la présence et de la capacité de prise en charge par le/la partenaire, le réseau social et la mise en place des soins à domicile.

2. La médication actuelle pour la démence ne montre aucune preuve d’une économie de coûts en 2e ligne. En contrepartie, à côté des coûts élevés des médicaments, il y a aussi des frais directs (équipes pluridisciplinaires pour le diagnostic et l’évaluation). Le besoin de placement en institution sera à peine modifié.

 

3. Le médecin généraliste joue un rôle très important dans le dépistage et dans le diagnostic de démence. Pour des mises au point ultérieures, il passera le flambeau à une équipe multidisciplinaire, dans laquelle il/elle jouera un rôle primordial.

 

4. L’indication et le choix de la médication seront déterminés par l’équipe multidisciplinaire. La tacrine n’est actuellement plus recommandée à cause de son hépatotoxicité. Les autres inhibiteurs de la cholinestérase sont pris en considération. Par manque d’études comparatives, un choix entre ces molécules ne peut se baser ni sur l’efficacité, ni sur les effets secondaires. L’efficacité de tous les autres médicaments est encore insuffisamment démontrée. Seuls les patients présentant une démence légère ou modérée sont à prendre en considération pour cette médication.

 

5. En attendant plus de preuve de l’efficacité de thérapies non-médicamenteuses (pour la mémoire ou l’orientation dans l’espace par exemple), il est démontré qu’un renforcement de l’aide non-institutionnalisée est judicieuse. En plus d’un rôle de coordination, le médecin généraliste doit informer et accompagner cette aide.

 

6. Si l’on veut réellement agir sur l’amélioration des fonctions cognitives, de l’humeur, du mode de fonctionnement des personnes âgées, il serait judicieux de mettre sur pied des programmes visant à diminuer l’usage excessif des psychotropes chez ces personnes. Des études ont été réalisées pour diminuer l’utilisation de benzodiazépines et de neuroleptiques. Cela n’améliore pas uniquement l’état général de la personne âgée,mais évite des effets secondaires, des interactions médicamenteuses et des coûts superflus.

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La rédaction Minerva

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