Minerva a commenté en 2013 les résultats d’une RCT qui montrait que chez les personnes en bonne santé âgées d’au moins 60 ans présentant une infection non compliquée des voies aériennes inférieures (pas de pneumonie) (n = 2 061), la prise d’amoxicilline à raison d’1 g trois fois par jour pendant 7 jours n’a pas d’effet favorable sur la durée et la gravité des symptômes (1,2).

Une analyse secondaire publiée en 2014 réalise une analyse en sous-groupes de patients à haut risque potentiel en cas d’infection non compliquée des voies aériennes inférieures (3). Sont ainsi déterminés les cas de tabagisme (n = 487), d’expectorations de couleur verte (n = 346), de fièvre lors de la consultation (n = 608), d’antécédents de maladie pulmonaire et/ou d’une autre comorbidité importante (n = 440), de durée de la maladie > 7 jours (n = 715), et d’auscultation pulmonaire anormale (non suggestive de pneumonie) (n = 692). Les résultats ont montré que la durée des symptômes (dont le score était estimé comme étant modérément mauvais ou plus mauvais), la gravité des symptômes ou l’apparition de nouveaux symptômes n’étaient pas significativement différents entre le groupe sous amoxicilline et le groupe recevant le placebo. Dans le sous-groupe des patients présentant une comorbidité, les investigateurs n’ont observé une diminution significative de la gravité des symptômes avec l’amoxicilline versus placebo que les jours 2 à 4, mais la pertinence clinique de ce résultat est au mieux très limitée.

Comme il s’agit ici d’une analyse post hoc, il faut toutefois signaler que des doutes subsistent quant à la puissance atteinte pour chaque sous-groupe afin de montrer un effet positif de l’utilisation des antibiotiques par rapport au placebo. Les résultats de cette étude sont similaires à ceux d’une étude d’observation plus ancienne menée auprès de 3 402 patients qui présentaient une toux et une infection des voies aériennes inférieures, cette étude n’avait pas démontré de rétablissement précoce ou de bénéfice suite à l’administration d’antibiotiques en cas d’expectorations colorées ou de tabagisme (4,5).

Conclusion 

Cette analyse en sous-groupes de patients à haut risque potentiel en cas d’infection non compliquée des voies aériennes inférieures ne montre pas de preuve de l’efficacité clinique de l’administration de l’amoxicilline. L’augmentation du risque d’effets indésirables et le développement de résistance renforcent les recommandations du guide belge des antibiotiques qui préconise de ne pas prescrire d’antibiotiques en cas d’infection non compliquée des voies aériennes inférieures (6). Ces recommandations restent donc d’actualité.

Références

1. Adriaenssens N. Pas d’amoxicilline en cas d’infection non compliquée des VRI chez les ≥ 60 ans. Minerva online 28/06/2013.
2. Little P, Stuart B, Moore M, et al; GRACE consortium. Amoxicillin for acute lower-respiratory-tract infection in primary care when pneumonia is not suspected: a 12-country, randomised, placebo-controlled trial. Lancet Infect Dis 2013;13:123-9.
3. Moore M, Stuart B, Coenen S, et al; GRACE consortium.Amoxicillin for acute lower respiratory tract infection in primary care: subgroup analysis of potential high-risk groups. Br J Gen Pract 2014;64:e75-80.
4. Butler CC, Kelly MJ, Hood K, et al. Antibiotic prescribing for discoloured sputum in acute cough/lower respiratory tract infection. Eur Respir J 2011;38:119–25.
5. Stanton N, Hood K, Kelly MJ, et al. Are smokers with acute cough in primary care prescribed antibiotics more often, and to what benefit? An observational study in 13 European countries. Eur Respir J 2010;35:761-7.
6. BAPCOC. Guide belge des traitements anti-infectieux en pratique ambulatoire. Troisième édition (2012).