Analyse


Effet des psychostimulants sur les résultats scolaires d’enfants présentant un TDAH


28 02 2013

Professions de santé

Analyse de
Zoëga H, Rothman KJ, Huybrechts KF, et al. A population-based study of stimulant drug treatment of ADHD and academic progress in children. Pediatrics 2012;130:e53-62.


Conclusion
Cette étude montre, chez des enfants âgés de 9 à 12 ans et présentant un TDAH, qu’une instauration tardive de psychostimulants, est associée à une régression scolaire versus instauration précoce. Le dessin de cette étude ne permet toutefois pas de conclure à un lien de cause à effet entre le traitement médicamenteux du TDAH et la prévention d’un retard scolaire.



Texte sous la responsabilité de la rédaction néerlandophone

 

La revue Minerva a précédemment publié une analyse (1) des résultats d’une étude à long terme évaluant l’effet d’un traitement médicamenteux, versus thérapie comportementale, sur les symptômes essentiels et les compétences sociales d’enfants âgés de 10 à 13 ans présentant un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) (1,2). Nous avons conclu qu’un traitement médicamenteux intensif, médicamenteux et avec un suivi rigoureux, apportait un bénéfice à court terme, mais que le bénéfice et la sécurité à moyen et à long termes restaient à prouver (1). Pour évaluer l’effet à long terme des psychostimulants chez des enfants présentant un TDAH, il est possible de se baser sur l’évolution de leurs prestations scolaires.

 

Une telle étude a été récemment menée en Islande (3). Les auteurs ont utilisé une banque de données de 13 617 enfants nés de 1994 à1996 et inscrits dans le système scolaire islandais. Dans ce pays, les prestations scolaires sont mesurées au moyen de tests standardisés en quatrième et en septième degrés (respectivement à l’âge de 9 et 12 ans). Avant de commencer leur enquête, les chercheurs ont défini un retard scolaire comme une diminution en percentiles d’au moins 5% en termes de compétences en mathématiques ou de compétences linguistiques à l’âge de 9 à 12 ans. En couplant la base de données scolaires au registre national de la consommation de médicaments, les chercheurs ont constaté que 1 029 enfants avaient pris des psychostimulants au cours de la période de janvier 2003 à décembre 2008. Dans le groupe d’enfants qui n’ont jamais pris de psychostimulants (n=12 588), la différence à l’âge 9 à12 ans n’était pas significative, que ce soit pour les compétences en mathématiques ou pour les compétences linguistiques. Par contre, dans le groupe d’enfants qui ont pris des psychostimulants, les compétences en mathématiques et/ou les compétences linguistiques avaient régressé entre leur quatrième et leur septième degrés scolaires. Le sous-groupe d’enfants qui ont commencé à prendre des psychostimulants de 25 à 36 mois après le premier test, versus sous-groupe des enfants ayant débuté dans les 12 mois, présentait un risque relatif de régression scolaire significativement plus élevé en ce qui concerne les mathématiques (RR 1,7 ; IC à 95% de 1,2 à 1,4), mais pas en ce qui concerne les compétences linguistiques (RR 1,1 ; IC à 95% de 0,9 à 2,0). Parmi ceux qui ont commencé plus tardivement à prendre les médicaments, la régression scolaire en mathématiques était plus importante chez les filles (RR 2,7 ; IC à 95% de 1,2 à 6,0) que chez les garçons (RR 1,4; IC à 95% de 0,9 à 2,0). Les chercheurs en ont conclu que l’instauration tardive de psychostimulants pour le traitement du TDAH est associée à une régression scolaire en mathématiques.

 

L’existence d’une vaste base de données concernant l’âge, la consommation médicamenteuse et les prestations scolaires mesurées au moyen de tests standardisés à des termes fixes permet d’établir des liens pertinents dans cette population d’étude. La limite la plus importante de cette étude est l’absence d’une banque de données concernant les diagnostics psychiatriques. Le lien entre la consommation de psychostimulants et le diagnostic de TDAH est donc purement hypothétique. Il est clair que cette étude ne permet pas non plus de connaître le degré de sévérité des symptômes ayant conduit à l’instauration de psychostimulants, alors que la recommandation est de plus en plus de n’administrer de médicaments que dans les formes graves de TDAH (4,5). En raison du manque de données, il n’est également pas possible de corriger les résultats en fonction des interventions non médicamenteuses. Il se pourrait, en effet, que l’instauration précoce de psychostimulants chez des enfants présentant un TDAH s’accompagne d’un meilleur soutien familial et social, ce qui contribuerait ainsi à limiter la retard dans la progression scolaire. Enfin, nous ignorons dans quelle mesure une chute de percentiles d’au moins 5% pour le retard scolaire lors de deux tests successifs se traduit ultérieurement par un retard scolaire de pertinence réelle.

 

Une étude étatsunienne de conception analogue et concernant des enfants scolarisés et présentant un TDAH a également constaté que les prestations en mathématiques et en lecture étaient meilleures sous traitement médicamenteux (6). Toutefois le gain apporté par le traitement médicamenteux demeurait plus faible que la différence pour le retard scolaire entre les enfants avec et sans TDAH.

 

Conclusion

Cette étude montre, chez des enfants âgés de 9 à 12 ans et présentant un TDAH, qu’une instauration tardive de psychostimulants, est associée à une régression scolaire versus instauration précoce. Le dessin de cette étude ne permet toutefois pas de conclure à un lien de cause à effet entre le traitement médicamenteux du TDAH et la prévention d’un retard scolaire.

 

Références

  1. Declercq T, Poelman T. Quel est l’effet à moyen terme d’un traitement médicamenteux du SDAH? MinervaF 2008;7(9):138-9.
  2. Jensen PS, Arnold LE, Swanson JM, et al. 3-year follow-up of the NIMH MTA study. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 2007;46:989-1002.
  3. Zoëga H, Rothman KJ, Huybrechts KF, et al. A population-based study of stimulant drug treatment of ADHD and academic progress in children. Pediatrics 2012;130:e53-62.
  4. NICE. Attention deficit hyperactivity disorder. Quick reference guide. NICE Clinical Guideline 72, September 2008 (geraadpleegd op 2 november 2011.
  5. Van Manen S, Beeres M, Oud M et al. ADHD in de eerste lijn. Huisarts Wet 2011;54:650-651.
  6. Scheffler RM, Brown TT, Fulton BD, et al. Positive association between attention-deficit/ hyperactivity disorder medication use and academic achievement during elementary school. Pediatrics 2009;123:1273–9.
Effet des psychostimulants sur les résultats scolaires d’enfants présentant un TDAH

Auteurs

Declercq T.
huisarts ; Vakgroep Huisartsgeneeskunde en Eerstelijnsgezondheidszorg, UGent
COI :

Poelman T.
Vakgroep Volksgezondheid en Eerstelijnszorg, UGent
COI :

Glossaire

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