Analyse


Vitamine C pour prévenir et traiter les refroidissements ?


15 11 2013

Professions de santé

Analyse de
Hemilä H, Chalker E. Vitamin C for preventing and treating the common cold. Cochrane Database Syst Rev 2013, Issue 1.


Conclusion
Cette synthèse méthodique n’apporte pas de preuves suffisantes et nécessaires pour pouvoir recommander la prise régulière de vitamine C (1 g/j) en prévention d’un épisode de refroidissement sauf, peut-être dans des périodes brèves d’exercice physique intense, ni la prise de doses « thérapeutiques » lors de la survenue d’un épisode de refroidissement.


 


Texte sous la responsabilité de la rédaction francophone

 

 

Nous avons déjà abordé dans la revue Minerva des analyses d’étude concernant des traitements médicamenteux dans les refroidissements (alias rhume, common-cold). Nous avons conclu au manque d’efficacité, dans une RCT (1) d’extraits d’echinacea chez des adultes jeunes qui commencent un épisode de refroidissement (2). Nous avons aussi conclu (3) à l’absence de preuve apportée dans une RCT (4) de l’intérêt de l’administration intra nasale de cromoglycate sodique, par rapport au sérum physiologique, en cas de refroidissement chez un enfant.

 

La vitamine C, acide ascorbique, fait l’objet de débats depuis 70 ans quant à son intérêt pour prévenir ou traiter les refroidissements. La Cochrane Collaboration a récemment publié une synthèse méthodique avec méta-analyses de bonne qualité (5). Elle inclut 29 RCTs comparant vitamine C et placebo, pour un total de 11 306 participants.

Chez des sujets consommant régulièrement de la vitamine C durant la période de suivi, soit 10 708 participants de la population générale, le risque relatif (RR) de survenue d’un épisode de refroidissement est de 0,97 (IC à 95 % de 0,94 à 1,00) soit à la limite de la signification. Cinq RCTs incluant des populations particulières (marathoniens, skieurs, soldats en manœuvres subarctiques (n = 598) montrent un RR de 0,48 (IC à 95 % de 0,35 à 0,64).

L’effet d’une prise régulière de vitamine C réduit la durée d’un épisode de refroidissement (9 745 épisodes) de 8 % (3 % à 12 %) chez les adultes et de 14 % (7 % à 21 %) chez les enfants. Cette prise régulière (généralement 1g/j chez l’adulte) réduit (modestement) la sévérité de l’épisode (nombre de jours de confinement, absence au travail ou à l’école, score de sévérité).

Une prise thérapeutique de vitamine C lors de la survenue d’un épisode de refroidissement ne montre pas de résultats concordants en termes de durée ou de sévérité du refroidissement. Une exclusion des RCTs non randomisées ou non en double-aveugle (= une minorité des études) ne modifie pas les résultats.

La vitamine C semble ne pas présenter de toxicité sauf en surdosage chronique ou aigu dans lequel des symptômes gastro-intestinaux, la formation de calculs d’oxalate chez les sujets prédisposés et une possible tératogénèse et carcinogénèse à très hautes doses sont décrits (6). Le suivi sur 11 ans d’une cohorte de 48 850 hommes suédois, sans lithiase initiale, a montré un risque de survenue de lithiase multiplié par 2 en cas de prise régulière de vitamine C versus absence de prise (différence de 1,47/1 000) (7).

Rappelons qu’une méta-analyse de 17 RCTs publiée en 2012 (8) a montré que l’administration de certaines doses et de certains sels de zinc en traitement d’un épisode de refroidissement pouvait en raccourcir la durée de 2 jours chez l’adulte, mais avec des preuves de faible qualité, amenant les auteurs à ne pas en recommander l’utilisation.

Une méta-analyse de 2 RCTs (253 patients) ne montre également pas de bénéfice, sur la durée et la sévérité des symptômes, de l’administration d’un corticostéroïde en intra nasal en cas de refroidissement (9).

 

Conclusion

Cette synthèse méthodique n’apporte pas de preuves suffisantes et nécessaires pour pouvoir recommander la prise régulière de vitamine C (1 g/j) en prévention d’un épisode de refroidissement sauf, peut-être dans des périodes brèves d’exercice physique intense, ni la prise de doses « thérapeutiques » lors de la survenue d’un épisode de refroidissement.

 

Références

  1. Barrett BP, Brown RL, Locken K, et al. Treatment of the common cold with unrefined Echinacea. A randomised, double-blind, placebo-controlled trial. Ann Intern Med 2002;137:939-46.
  2. De Sutter A. L'echinacea en cas de refroidissement. MinervaF 2003;2(10);166-7.
  3. De Sutter A. Pas de justification pour le cromoglycate en intranasal en cas de refroidissement chez les enfants. MinervaF 2003;2(5):83-4.
  4. Butler C, Robling M, Prout H, et al. Management of suspected acute viral upper respiratory tract infection in children with intranasal sodium cromoglycate: a randomised controlled trial. Lancet 2002;359:2153-8.
  5. Hemilä H, Chalker E. Vitamin C for preventing and treating the common cold. Cochrane Database Syst Rev 2013, Issue 1.
  6. Vitamins in Meyler’s side effects of drugs. The international encyclopedia of adverse drug reactions and interactions. Fifteenth edition 2006. Edited by J.K. Aronson.
  7. Thomas LD, Elinder CG, Tiselius HG, et al. Ascorbic acid supplements and kidney stone incidence among men: a prospective study. JAMA Intern Med 2013;173:386-8.
  8. Science M, Johnstone J, Roth DE, et al. Zinc for the treatment of the common cold: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. CMAJ 2012;184:E551-61.
  9. Hayward G, Thompson MJ, Perera R, et al. Corticosteroids for the common cold. Cochrane Database Syst Rev 2012, Issue 8.
Vitamine C pour prévenir et traiter les refroidissements ?

Auteurs

La rédaction Minerva

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