Résumé

Contexte

Il n’existe, à ce jour, aucun consensus concernant l’efficacité de l’echinacea dans la prévention ou le traitement du refroidissement. Des études montrent une efficacité limitée en prévention et, peut-être, une efficacité plus grande dans le traitement, mais toutes les études comportent d’importantes limites méthodologiques (pas de critères de jugement objectifs, garanties insuffisantes de randomisation correcte, puissance insuffisante, etc.).

Population étudiée

Cette étude inclut 148 étudiants d’une université américaine présentant des symptômes d’une infection des voies respiratoires supérieures d’installation récente. Ils sont tous âgés de plus de 18 ans, ont la sensation d’un « refroidissement en voie d’installation », et présentent au moins deux symptômes (parmi une liste de 15) dont un spécifique des voies respiratoires. Aucun de ces symptômes ne peut être présent depuis plus de 36 heures. Les 15 symptômes investigués sont : toux sèche, toux productive, toux perturbant le sommeil, mal de gorge, irritation pharyngée, enrouement, rhinorrhée, obstruction nasale, éternuements, céphalées, fièvre, sudation, myalgies, sensation d’épuisement, diminution de l’appétit.

Protocole d’étude

Cette étude clinique est randomisée, contrôlée versus placebo. Les 73 participants traités par echinacea reçoivent un mélange non raffiné de feuilles (25 %) et de racines (25 %) d’echinacea purpura et de racines (50 %) d’echinacea angustifolia. Le premier jour, six capsules d’un gramme chacune sont administrées. Le traitement est ensuite poursuivi avec la prise quoti dienne de trois capsules pendant 10 jours maximum. La randomisation est réalisée suivant une liste de nombre aléatoire générée par ordinateur et le caractère aveugle est contrôlé avec précision.

Mesure des résultats

Les participants notent, lors de l’inclusion et ensuite quotidiennement, la sévérité des 15 symptômes sur une échelle de Likert de 9 points. Ils attribuent également un score similaire à leur sensation globale de maladie. Le suivi est assuré jusqu’au jour où l’étudiant répond : « non» à la question « pensez-vous être encore malade aujourd’hui ? ». La compliance est jugée au moyen d’un journalier et du décompte des médicaments non pris.

Résultats

Le suivi est pratiquement total (seuls 6 étudiants arrêtent l’étude). Les données recouvrent 853 «jours-patients ». Aucune efficacité de l’echinacea n’est observée ni sur la durée des symptômes, ni sur leur gravité. La durée moyenne du refroidissement atteint 5,75 jours dans le groupe placebo et 6,27 jours dans le groupe echinacea, soit une différence absolue de -0,52 jours en faveur du groupe placebo, mais non significative (IC à 95 % de -1,09 à 0,22). Aucun des 15 symptômes n’est amélioré plus rapidement dans le groupe echinacea comparé au groupe placebo.

Conclusion des auteurs

Les auteurs concluent que l’echinacea, initiée à partir du premier jour du refroidissement, ne montre aucune efficacité sur la sévérité ou la durée de la sensation (subjective) de maladie.

Financement

Cette étude est financée par l’US Departement of Health and Human Services.

Conflits d’intérêt

Aucun déclaré par les auteurs.

Discussion

L’echinacea a déjà fait l’objet de différentes études et le sujet d’une synthèse méthodique publiée dans la Cochrane Library 1. Cette synthèse, qui contenait les résultats de 16 RCTs concluait « certaines préparations semblent supérieures au placebo ». Les auteurs ajoutaient également quelques commentaires sur la qualité des études et concluaient à l’impossibilité de recommander un produit comme plus efficace, ni une dose précise, ni des indications contextuelles. Les patients et les soignants qui souhaitent utiliser ces préparations doivent être conscients des grandes différences de composition chimique possibles et de l’absence de preuve solide de leur efficacité. Les auteurs insistent sur la grande nécessité de réaliser des études de bonne qualité mentionnant tous ces éléments 1 .

Cette étude de Barrett et collaborateurs est une bonne réponse, quoique encore incomplète à cette demande. La qualité méthodologique de cette étude est grande, ce qui rend les biais improbables. Mais les résultats ne sont valides que pour ce type précis de préparation d’echinacea et pour cette population spécifique de jeunes adultes par ailleurs sains. Au vu des résultats similaires d’études précédentes 1 , il ne semble pas justifié d’extrapoler ces résultats à tout individu et à n’importe quel produit à base d’echinacea. Des recherches avec d’autres préparations (telles que des extraits) ou dans d’autres populations (comme des personnes avec des défenses amoindries, sujettes aux refroidissements) sont nécessaires avant de pouvoir boucler le dossier de l’echinacea. Une deuxième limite est la relative faiblesse numérique de la population étudiée, ce qui ne permet pas de mettre en évidence des effets moindres (par exemple, une différence de 5 à 10 % dans les scores de sévérité).

Il faut cependant admettre que la pertinence clinique d’un effet aussi réduit reste discutable.

Recommandations pour la pratique

Des adultes jeunes, en bonne santé, qui commencent un épisode de refroidissement ne tirent aucun bénéfice de la prise de capsules contenant une préparation sèche de la plante echinacea. Cette utilisation n’est donc pas recommandée.

La rédaction

Références

1. Melchart D, Linde K, Fischer P, Kaesmayr J. Echinacea for prevention and treating of the common cold (Cochrane Review). In : The Cochrane Library, Issue 3, 2003. Oxford : Update Software.