Analyse


Bronchiolite aiguë : adrénaline pas mieux qu’une solution physiologique, en inhalation ; solution physiologique à la demande plutôt que toutes les 2 heures ?


15 06 2014

Professions de santé

Analyse de
Skjerven HO, Hunderi JO, Brügmann-Pieper SK, et al. Racemic adrenaline and inhalations strategies in acute bronchiolitis. N Engl J Med 2013;368:2286-93.


Conclusion
Cette RCT de bonne qualité montre, chez des jeunes enfants présentant une bronchiolite aiguë, l’intérêt d’administrer une solution physiologique en inhalation à la demande plutôt qu’à heures fixes. Elle ne montre par contre pas de différence entre l’administration d’une solution physiologique et d’une solution à 20 mg/ml d’adrénaline racémique (dose en fonction du poids).


 


Texte sous la responsabilité de la rédaction francophone

 

 

Nous avons déjà commenté dans la revue Minerva des méta-analyses de la Cochrane Collaboration évaluant l’efficacité de différents traitements inhalés en cas de bronchiolite. Nous avons souligné l’intérêt probable de la nébulisation de solution hypersaline pour réduire la durée d’hospitalisation des nourrissons présentant une bronchiolite aiguë (1,2).

Nous avons conclu que, versus placebo, l’efficacité de l’administration de glucocorticoïdes en inhalation ou par voie systémique en cas de bronchiolite n’est toujours pas montrée. Par contre l’association dexaméthasone + épinéphrine en nébulisation pourrait être efficace mais ces résultats demandent confirmation (3,4).

Des auteurs norvégiens ont publié en 2013 les résultats d’une RCT (5) en protocole factoriel correct évaluant dans 8 centres l’efficacité relative de l’inhalation d’adrénaline ou de sérum physiologique d’une part, et d’une inhalation d’une solution physiologique à la demande versus à horaire fixe (jusqu’à toutes les 2 heures) d’autre part. Ils ont inclus 404 enfants d’un âge moyen de 4,2 ans, 59,4 % de garçons, avec bronchiolite modérée à sévère. Les produits sont administrés par nébuliseur avec masque facial et sous oxygène à 100 %, 6 litres par minute.

Versus inhalation d’une solution physiologique, l’inhalation d’adrénaline racémique (20 mg par ml de solution physiologique, dose en fonction du poids) chez 203 enfants au total, ne montre pas de différence pour le critère primaire, la durée d’hospitalisation. Il n’y a également pas de différence pour le recours à des suppléments d’oxygène, à une nutrition par sonde naso-gastrique, à un support ventilatoire ni pour l’amélioration du score clinique versus valeur initiale (score de 1 à 10 pour la sévérité du tableau clinique, 10 étant le plus sévère), la valeur p étant > 0,1 pour toutes les comparaisons.

Par contre l’inhalation d’une solution physiologique à la demande plutôt qu’à intervalles réguliers a permis de réduire la durée moyenne (pondérée) d’hospitalisation de 13,7 heures avec IC à 95 % de 2,9 à 24,4 et valeur p= 0,01 pour une durée de 61,3 heures sous traitement à heures fixes. Elle a également permis de réduire le recours à de l’oxygène, à un support ventilatoire et à d’autres traitements inhalés. Cette RCT ne permet pas de déterminer la place de cette approche thérapeutique par rapport à l’association dexaméthasone + épinéphrine. L’inhalation d’une solution physiologique à la demande est facile à réaliser en première ligne de soins et son utilité devrait donc être également évaluée dans la bronchiolite aiguë dans ce contexte de soins.

 

Conclusion

Cette RCT de bonne qualité montre, chez des jeunes enfants présentant une bronchiolite aiguë, l’intérêt d’administrer une solution physiologique en inhalation à la demande plutôt qu’à heures fixes. Elle ne montre par contre pas de différence entre l’administration d’une solution physiologique et d’une solution à 20 mg/ml d’adrénaline racémique (dose en fonction du poids).

 

 

Références

  1. Zhang L, Mendoza-Sassi RA, Wainwright C, Klassen TP. Nebulized hypertonic saline solution for acute bronchiolitis in infants. Cochrane Database Syst Rev 2008, Issue 4.
  2. Godding V. Bronchiolite aiguë : sérum hypersalin en nébulisation ? MinervaF 2009;8(9);118-9.
  3. Fernandes RM, Bialy LM, Vandermeer B, et al. Glucocorticoids for acute viral bronchiolitis in infants and young children. Cochrane Database Syst Rev 2010, Issue 10.
  4. Chevalier P. Corticostéroïdes et bronchiolite. Minerva online 28/06/2011.
  5. Skjerven HO, Hunderi JO, Brügmann-Pieper SK, et al. Racemic adrenaline and inhalations strategies in acute bronchiolitis. N Engl J Med 2013;368:2286-93.

 

 

 

Bronchiolite aiguë : adrénaline pas mieux qu’une solution physiologique, en inhalation ; solution physiologique à la demande plutôt que toutes les 2 heures ?



Ajoutez un commentaire

Commentaires