Revue d'Evidence-Based Medicine
Dépistage de l’anévrisme abdominal (suite)
Suites en bref...
Cette rubrique de Minerva vous propose un bref résumé de nouvelles études concernant des sujets précédemment traités dans Minerva. Le comité de rédaction estime que l’information nouvelle ne nécessite pas une analyse développée de la publication tout en justifiant une mise au courant de nos lecteurs, en recadrant ces nouvelles données dans la précédente évaluation publiée par nos soins. |
Nous avions déjà analysé dans Minerva (1) la première publication de l’étude MASS (2) et une méta-analyse (3,4) évaluant l’intérêt d’un dépistage systématique de l’anévrisme de l’aorte abdominale, chez l’homme pour l’étude MASS, chez l’homme et la femme pour la méta-analyse. Nous concluions : pas de preuves suffisantes pour un dépistage de masse, suivant les critères (dedépistage valide. 6/ Le test doit être accepté par la population. 7/ L’histoire naturelle de la maladie doit être est connue, notamment son évolution de la phase de latence à la phase symptomatique. 8/ Le choix des sujets qui recevront un traitement doit être opéré selon des critères préétablis. 9/ Le coût du dépistage (y compris les frais de diagnostic et de traitement des cas décelés) doit être équilibré par rapport au coût global des soins médicaux. 10/ Le dépistage doit être une procédure continue et non ponctuelle. "> Wilson et Jungner) généralement admis pour ce dépistage, et absence de preuve d’un bénéfice en termes de mortalité totale.
Les auteurs de l’étude MASS viennent de publier leurs résultats de suivi sur un échantillon de 67 770 hommes âgés initialement de 65 à 74 ans (5). Dans le groupe de ceux qui ont bénéficié d’un dépistage par ultrasons (avec suivi si présence d’un anévrisme), la fréquence de décès relatif à cet anévrisme (2% du total des décès) a été de 0,46% sur 10,1 ans de moyenne (de 8,9 à 11,2 ans), pour 0,87% sans dépistage initial soit un HR de 0,52 (IC à 95% de 0,43 à 0,63). La réduction pour la mortalité totale (d’environ 30% dans les 2 groupes) est beaucoup plus faible et à la limite de la signification statistique : HR 0,97 ; IC à 95% de 0,95 à 1,00. Les auteurs en concluent qu’il n’est actuellement pas justifié de proposer un nouveau dépistage par ultrasons à un patient en ayant déjà subi un qui s’est révélé négatif. Les critères établis par Wilson et Jungner sont presque tous rencontrés. Il reste à estimer, au niveau belge, l’investissement nécessaire au point de vue financier pour ce dépistage et pour le traitement éventuel en fonction des résultats, dans le cadre des projets actuels de dépistage.
Conclusion
Si un bénéfice en termes de mortalité par rupture d’anévrisme est montré à 10 ans chez des hommes âgés de 65 à 74 ans, grâce à un dépistage systématique par ultrasons, le bénéfice au point de vue mortalité globale reste incertain. La place d’un tel dépistage systématique ou plus ciblé reste à évaluer dans le cadre de notre programme national et/ou communautaire.
Références
- Bruyninckx R. Dépistage de l'anévrisme abdominal. MinervaF 2004;3(1):14-6.
- Ashton HA, Buxton MJ, Day NE, et al; Multicentre Aneurysm Screening Study Group. The Multicentre Aneurysm Screening Study (MASS) into the effect of abdominal aortic aneurysm screening on mortality in men: a randomised controlled trial. Lancet 2002;360:1531-9.
- Cosford PA, Leng GC. Screening for abdominal aortic aneurysm. Cochrane Database Syst Rev 2007, Issue 2.
- Chevalier P. Dépistage de l’anévrisme abdominal. MinervaF 2007;6(8):128.
- Thompson SG, Ashton HA, Gao L, Scott RA; Multicentre Aneurysm Screening Study Group. Screening men for abdominal aortic aneurysm: 10 year mortality and cost effectiveness results from the randomised Multicentre Aneurysm Screening Study. BMJ 2009;338:b2307.
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