Une synthèse méthodique de 2012 (1) sur l’effet du magnésium dans les crampes musculaires des jambes a déjà été analysée dans Minerva (2). Nous avions conclu que cette étude ne permettait pas de montrer l’efficacité de l’utilisation prophylactique des sels de magnésium dans les crampes idiopathiques. Concernant la femme enceinte les preuves étaient insuffisantes et contradictoires. En 2013, nous avions conclu que les dérivés de la quinine montraient une efficacité, au mieux modeste, sur les crampes musculaires pour certains patients, mais que les effets indésirables potentiellement graves, voire mortels de la quinine font courir des risques injustifiés aux patients (3,4). Nous ne pouvions recommander aucune prise en charge thérapeutique, médicamenteuse ou non, dans les crampes musculaires essentielles.

En 2013, Sebo et al. ont effectué une synthèse méthodique (5) des études randomisées contrôlées dans différentes bases de données électroniques (études publiées et non publiées) relative à l’efficacité du magnésium versus toute autre intervention dans les crampes musculaires nocturnes des membres inférieurs, tant chez la femme enceinte que dans la population générale. Etaient exclues les crampes liées à l’effort, le syndrome des jambes sans repos, les mouvements périodiques des membres, les claudications intermittentes, les neuropathies périphériques et les dystonies, ainsi que toutes les crampes musculaires autres que celles des membres inférieurs. Sept études randomisées contrôlées ont été retenues, pour un total de 361 patients, comparant le magnésium donné à différentes posologies versus un placebo. Toutes les études retenues sont de petites études (entre 45 et 83 patients) avec une variabilité considérable d’une étude à l’autre (posologie, administration, durée, etc.). Une méta-analyse standard ne pouvant dès lors être réalisée, les auteurs ont dû se résoudre à faire une simulation. La différence entre les médianes du nombre de crampes par semaine des groupes traités versus placebo était de 0,345 (percentile 2,5% de - 0,133 et percentile 97,5% de 0,875), ce qui veut dire qu’un patient traité avec du magnésium aurait une crampe en moins toutes les trois semaines par rapport à un patient prenant un placebo. 

Pour les trois études n’incluant que des femmes enceintes, la différence entre les médianes était de 0,807 (percentile 2,5% de 0,015 et percentile 97,5% de 1,207), mais le caractère aveugle n’était pas clair pour 2 des 3 études. Les quatre autres études incluant essentiellement des personnes âgées, ont montré une différence entre les médianes de 0,362 (percentile 2,5% de - 0,386 et percentile 97,5% de 1,148). Il n'y a que deux études sur les sept statistiquement significatives (p < 0,05) mais non cliniquement pertinentes, toutes les deux n'incluant que des femmes enceintes. 

Concernant les effets indésirables, il n’y a pas eu de différence statistiquement significative entre le groupe placebo et le groupe traité. Les effets indésirables les plus souvent rapportés ont été des symptômes gastro-intestinaux.

Conclusion

Cette synthèse méthodique d’études contrôlées randomisées de faibles qualités méthodologiques, sans possibilité de réaliser une méta-analyse standard, ne montre pas de bénéfice clinique du magnésium versus placebo dans les crampes nocturnes des membres inférieurs dans une population générale. Il est possible qu’il existe dans le cas particulier de la femme enceinte un bénéfice, mais d’autres études sont nécessaires pour le confirmer. 

Le guide de bonne pratique de Duodecim (6) édité par EBMPracticeNet en Belgique recommande l’étirement passif du muscle subissant la crampe et l’éviction de tous les facteurs déclencheurs en prophylaxie. Dans les cas graves, le sulfate de quinine, le diazépam ou le méprobamate peuvent être considérés, ce qui n’est pas justifié pour Minerva. Dans tous les cas, les patients doivent être suivis pendant les premières semaines de traitement afin d’évaluer efficacité et effets indésirables du traitement instauré.

Références

1. Garrison SR, Allan GM, Sekhon RK, et al. Magnesium for skeletal muscle cramps. Cochrane Database Syst Rev 2012, Issue 9. 
2. Michiels B. Le magnésium contre les crampes. MinervaF 2013; 12(8):97-8.
3. De Jonghe M. Les crampes musculaires essentielles de l’adulte : une réelle difficulté thérapeutique. MinervaF 2013;12(1):4-5.
4. Katzberg HD, Khan A H, So YT. Assessment: symptomatic treatment for muscle cramps (an evidence-based review): report of the therapeutics and technology assessment subcommittee of the America academy of neurology. Neurology 2010;74;691-6.
5. Sebo P, Cerutti B., Haller DM. Effect of magnesium therapy on nocturnal leg cramps: a systematic review of randomized controlled trials with meta-analysis using simulations. Fam Pract2014;31:7-19.
6. Jambes sans repos, akathisie et crampes musculaires. Duodecim Medical Publications Ltd 8/26/2010. [visité le 10 septembre 2013]. URL: https://www.ebmpracticenet.be/fr/pages/default.aspx?ebmid=ebm00428#s4

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