Revue d'Evidence-Based Medicine
Step-down des corticostéroïdes inhalés en cas d'asthme stabilisé
Minerva 2005 Volume 4 Numéro 1 Page 6 - 8
Professions de santé
Résumé
Contexte 
Comme leurs
  effets secondaires pourraient être dose dépendants, il est conseillé de
  réduire la dose des corticostéroïdes inhalés dès que les symptômes
  d’asthme sont contrôlés. L’effet à long terme de la réduction de
  la dose des corticostéroïdes inhalés sur l’asthme modéré à sévère
  «stabilisé» n’avait pas encore fait l’objet d’une étude. 
Population étudiée 
Dans des
  pratiques de médecine générale écossaises, 259 patients âgés d'au moins 18
  ans ont été recrutés s'ils présentaient un diagnostic d’asthme depuis
  au moins un an, asthme stabilisé par une dose quotidienne de 800 µg de
  propionate de béclométasone (ou dose équivalente de budésonide ou de
  fluticonasone). Les critères d’exclusion sont: les patients qui ont eu
  besoin de corticostéroïdes oraux durant les deux derniers mois ou qui ont dû
  faire appel à un médecin de famille ou à un hôpital en raison de plaintes
  d’asthme, les patients présentant des maladies sévères ou abusant de
  médicaments.Les caractéristiques démographiques ou cliniques ne diffèrent pas
  entre les deux groupes. L’âge moyen des participants est
  d’environ 55 ans (ET 15) et la dose quotidienne nécessaire, équivalente
  au béclométasone varie de 1 461,5 µg (ET 657,7) dans le groupe intervention à
  1 399,2 µg (ET 623,1) dans le groupe contrôle. 
Protocole de
    l’étude 
L’étude
  est randomisée,multicentrique, en double aveugle et se déroule sur un an. Les
  participants sont répartis en un groupe «step-down» et un groupe contrôle.
  Dans le groupe step-down (n=130), si l’asthme est stabilisé, la dose de
  départ est réduite de moitié aux mois 3, 6, 9 et 12. Dans le groupe contrôle
  (n=129), la dose reste inchangée.L’asthme est considéré comme stable si débit expiratoire de pointe est le débit expiratoire maximal atteint lors d’une expiration forcée maximale, après une ins-piration également maximale. Ce test permet d’apprécier globalement la fonction respiratoire et peut être facilement réa-lisé en dehors d’un laboratoire d’épreuves respiratoires fonctionnelles. Ce test est peu spécifique. Sa valeur moyenne chez l’adulte est de 10 l/seconde (600 l/min). La dispersion autour de la valeur de référence est de 15-20 %. La variabilité du DEP (en %) est la différence entre la valeur la plus haute (en soirée) et la valeur la plus basse (le matin) de la journée divi-sée par la moyenne de ces valeurs, multipliée par cent.">le débit
  expiratoire de pointe matinal et vespéral reste, durant les deux
  semaines précédant la consultation,>80% de la valeur moyenne du début de
  l’étude, si le score de morbidité asthmatique («short asthma morbidity score») (0-8) est inférieur à 2 et si aucune aide
  professionnelle n’a été sollicitée en raison d’une recrudescence
  symptomatique. 
Mesure des
    résultats 
Le critère de
  jugement primaire est le nombre d’exacerbations d’asthme dans les
  deux groupes, défini comme un accroissement des plaintes d’asthme pour
  lesquelles un traitement à base de corticostéroïdes oraux est nécessaire. Les
  critères de jugement secondaires sont le pourcentage de patients dans le
  groupe step-down qui, malgré la réduction de moitié de la dose de
  corticostéroïdes inhalés, est resté stable, la différence entre les deux
  groupes pour les plaintes liées à l’asthme (par exemple hospitalisation,
  consultation du médecin de famille), la dose totale administrée de
  corticostéroïdes inhalés et oraux et le changement dans l’état de santé (selon le St. George’s Respiratory Questionnaire et l'EuroQol) et le short
  asthma morbidity score. L’analyse s’est faite en
  intention de traiter. 
Résultats 
Deux cent douze
  participants (82%) ont terminé l’étude. Le pourcentage de patients
  suffisamment stabilisés pour permettre une réduction de moitié des doses de
  corticostéroïdes est de 84% dans le groupe step-down et de 81% dans le groupe
  placebo. Les patients qui terminent l’étude avec une dose diminuée de
  moitié de corticostéroïdes représentent 49% des sujets du groupe stepdown.
  Quarante patients (31%) du groupe step-down et 33 (26%) du groupe contrôle
  rapportent une ou plusieurs exacerbations d’asthme. La différence entre
  les groupes n’est pas significative (OR 1,29; IC à 95% de 0,75 à 2,23;
  p=0,354). Les variations dans l’état de santé et pour le short asthma
  morbidity score ne sont pas significatives dans chacun des deux groupes.
  Après un an, la réduction moyenne de prescription de corticostéroïdes inhalés
  était de 127 mg (IC à 95% de -180 à -74; p<0,001) dans le groupe step-down
  par rapport au groupe contrôle. Ceci correspond à une réduction journalière
  de 348 µg (IC à 95% de 202 à 494) de propionate de béclométasone dans le
  groupe step-down. Pas de différence significative entre les doses de
  corticostéroïdes oraux (prednisolone) administrées (step-down 117 mg versus
  contrôle 109 mg; p=0,252). 
Conclusion
    des auteurs 
Les auteurs
  concluent que les patients asthmatiques, qui utilisent une dose
  d’entretien de corticostéroïdes de 1 000 µg de propionate de
  béclométasone ou équivalent, peuvent réduire de moitié leur dose de
  corticostéroïdes inhalés lorsque leur asthme est stabilisé sous traitement. 
Financement 
NHS R&D
  Programme on Asthma Management 
Conflit
    d’intérêt 
Les auteurs ont
  des liens avec diverses firmes pharmaceutiques dont AstraZeneca,
  GlaxoSmithKline, Schering Plough, Altana,Novartis, Merck et Aventis. 
Discussion
Etude en
    première ligne 
Cette étude en première
  ligne montre que des patients présentant un asthme stabilisé par un
  traitement de fond avec une dose relativement élevée de corticostéroïdes
  inhalés, peuvent réduire la dose de corticostéroïdes inhalés de moitié, en
  sécurité pour ce qui concerne le maintien du contrôle des symptômes et la
  qualité de vie. Nous devons cependant considérer ces constatations avec
  quelque circonspection. Il s’agit d’une population d’étude
  relativement réduite avec respectivement 130 et 129 patients dans le groupe
  step-down et le groupe contrôle. Chaque groupe utilise régulièrement des ß2-agonistes
  à longue durée d’action en combinaison avec des corticostéroïdes
  inhalés (respectivement 37% et 30% des patients dans le groupe step-down et
  dans le groupe contrôle). Plusieurs études ont montré que les ß2-mimétiques
  de longue durée d’action ont un effet d’épargne sur les
  corticostéroïdes 1,2. C’est pour cette raison
  qu’une analyse par sous-groupes excluant les utilisateurs de ß2-mimétiques
  à longue durée d’action est faite. Celle-ci montre, dans ce cas,
  l'absence de différence dans le nombre d’exacerbations entre le groupe
  step-down et le groupe contrôle (34% versus 24%, p=0,148).Les auteurs font
  eux-mêmes remarquer que leurs conclusions se basent sur un faible nombre de
  patients. En outre, le critère de jugement primaire, la survenue d’une
  exacerbation asthmatique, est défini de façon assez vague comme «un
  accroissement des plaintes d’asthme pour lequel un traitement oral à
  base de corticostéroïdes fut nécessaire». Les critères utilisés à cet effet
  ne sont pas mentionnés. Comme il s’agit d’une étude
  multicentrique, nous pouvons craindre une interprétation différente de la
  nécessité d’un traitement oral dans les différents centres participants.
  En dépit de ces insuffisances, l’étude montre clairement qu’une
  stratégie de step-down peut être envisagée sous certaines conditions et peut
  être effectivement réalisée. Cette vision est reprise également dans
  d’autres études. 
Autres études 
Une
  méta-analyse néo-zélandaise montre que la réponse en fonction de la dose de
  fluticasone sur le VEMS, sur le débit expiratoire de pointe matinal et
  vespéral, sur l’utilisation de ß2-agonistes à courte durée
  d’action, sur les symptômes nocturnes et sur les exacerbations
  d’asthme, atteint une phase en plateau à partir de 100 à 200 µg par
  jour! Chez les adultes atteints d’asthme modéré à sévère, 90% de
  l’effet clinique maximal atteint avec 1 000 µg de fluticasone par jour,
  sont obtenus avec une dose de 150 à 250 µg par jour 3.
  Cette méta-analyse, de même qu’une étude faite chez des enfants 4, souligne qu’il est important de déterminer pour
  chaque patient asthmatique la dose optimale (la plus basse) thérapeutique de
  corticostéroïdes inhalés. Les résultats de l’étude Hawkins se situent
  dans le prolongement de la méta-analyse citée ci-dessus. Il est probable que
  de plus faibles doses de corticostéroïdes inhalés permettent d’obtenir
  un même effet clinique et de le maintenir. Une étude à plus grande échelle
  devrait venir confirmer ces constatations. 
 
    
Conclusion
Cette étude montre que des patients atteints d’asthme modéré à
    sévère, qui sont stabilisés par une dose élevée de corticostéroïdes
    inhalés,peuvent réduire leur dose de moitié en sécurité sans effet négatif
    sur le contrôle des symptômes et sur leur qualité de vie. D’autres
  études à grande échelle devraient confirmer ces constatations. 
Références 
- Byrne PM, Barnes PM, Rodriguez-Roisin R et al.Low dose inhaled budesonide and formoterol in mild persistent asthma. The
      OPTIMA randomized trial. Am J Respir Crit Care Med 2001;164:1392-7. 
 - Pauwels RA, Löfdahl CG, Postma ET et al. Effect of inhaled formoterol and budesonide on exacerbations of asthma. The Formoterol and Corticosteroids Establishing
      Therapy (FACET) International Study Group. N Engl J Med 1997;337:1405-11. 
 - Holt S, Suder A,Weatherall M et al. Dose-response relation of inhaled fluticasone propionate in adolescents and adults with
      asthma: meta-analysis. BMJ 2001;323:253-6. 
 - Ekins-Daukes S, Simpson CR, Helms PJ et al. Burden of corticosteroids in children with asthma in primary care: retrospective
      observational study. BMJ
      2002;324;1374. 
 
Auteurs
                        Kegels E.
                        Vakgroep eerstelijns- en interdisciplinaire zorg, Centrum voor Huisartsgeneeskunde, Universiteit Antwerpen
                            COI : 
                    
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