Analyse


Autocontrôle glycémique chez les patients présentant un diabète de type 2 non insulinorequérant


28 02 2013

Professions de santé

Analyse de
Farmer AJ, Perera R, Ward A, et al. Meta-analysis of individual patient data in randomised trials of self monitoring of blood glucose in people with non-insulin treated type 2 diabetes. BMJ 2012;344:e486.


Conclusion
Cette méta-analyse confirme l'avis formulé dans la RBP belge selon lequel il n’est pas utile de proposer systématiquement un autocontrôle glycémique aux patients présentant un diabète de type 2 non insulinorequérant. Sur base des besoins d'un patient individuel, un auto-contrôle de la glycémie peut cependant être indiqué.



Texte sous la responsabilité de la rédaction néerlandophone

 

Minerva a précédemment publié une analyse (1) d’une étude randomisée contrôlée (2) avec un bon protocole de recherche, étude incluant 184 patients présentant un diabète de type 2 nouvellement diagnostiqué. Cette étude montrait que l’offre systématique de l’autocontrôle glycémique à tous les patients avec un diabète de type 2 récemment diagnostiqué ne conduisait pas à un contrôle glycémique plus rapide et meilleur mais allait de pair avec un moins bon score pour la dépression. Cette étude ne permettait pas de savoir si l’autocontrôle pouvait être utile dans certains sous-groupes de patients.

Une méta-analyse récente (3) a été réalisée sur la base de données individuelles en poursuivant un double objectif : d’une part, vérifier l’efficacité d’un autocontrôle glycémique chez les patients présentant un diabète de type 2 non insulinorequérant et, d’autre part, explorer l’effet d’un autocontrôle glycémique dans des groupes spécifiques de patients. Les sous-groupes ont été déterminés en fonction de l’âge, du sexe, de la durée du diabète, du taux d’HbA1c en début d’étude et d’une précédente pratique d’un autocontrôle glycémique. Les données concernant l’observance du traitement et la qualité de vie n’ont pas été prises en compte. Six études randomisées contrôlées ont été sélectionnées, incluant un total de 2 552 patients, avec un diagnostic de diabète de type 2 récent ou de longue date. Le critère de jugement primaire était la différence de diminution du taux d’HbA1c après six mois d'autocontrôle glycémique comparativement aux soins habituels. Comme les auteurs disposaient des données individuelles, une analyse en intention de traiter a pu être effectuée (4). Le taux d’HbA1c a diminué tant dans le groupe intervention que dans le groupe contrôle, la diminution étant cependant significativement plus importante dans le groupe intervention : -2,7 mmol/mol (IC à 95% de -3,9 à -1,6 ; p < 0,001), soit -25%. Des analyses de sensibilité prenant en compte les sorties de l’étude et les co-interventions montrent des résultats semblables. La différence pour la diminution de l’HbA1c n’atteint pas le seuil de pertinence clinique de 0,5% (5). Aucune différence d’efficacité n’a pu être montrée pour les différents sous-groupes. Les sous-groupes de patients âgés de moins de 45 ans, de plus de 75 ans et de ceux avec un taux d’HbA1c >86 mmol/mol (ou 10%) étaient cependant trop petits pour permettre de tirer des conclusions précises. Les auteurs concluent que le gain limité en diminution du taux d’HbA1c ne justifie pas de proposer un autocontrôle glycémique de manière systématique aux patients présentant un diabète de type 2.

 

Conclusion de Minerva

Cette méta-analyse confirme l'avis formulé dans  la RBP belge (6) selon lequel il n’est pas utile de proposer systématiquement un autocontrôle glycémique aux patients présentant un diabète de type 2 non insulinorequérant. Sur base des besoins d'un patient individuel, un auto-contrôle de la glycémie peut cependant être indiqué.

Conflits d’intérêt / Financement

La recherche a été financée par le programme du National Institue for Health Research (NHR) Health Technology Assessment (subvention N° 018/0004). AHB a reçu de LifeScan et de Roche des rémunérations pour des conférences et pour une consultance ; aucun autre conflit d’intérêt potentiel n’est mentionné.

 

Références

  1. Sunaert P, Bastiaens H. Diabète de type 2 récent: autocontrôle glycémique ? MinervaF 2009;8(7):90-1.
  2. O’Kane MJ, Bunting B, Copeland M, Coates VE; ESMON-studygroup. Efficacy of self monitoring of blood glucose in patients with newly diagnosed type 2 diabetes (ESMON study): randomised controlled trial. BMJ 2008;336:1174-7.
  3. Farmer AJ, Perera R, Ward A, et al. Meta-analysis of individual patient data in randomised trials of self monitoring of blood glucose in people with non-insulin treated type 2 diabetes. BMJ 2012;344:e486.
  4. Chevalier P. Méta-analyse sur données individuelles : avantages et limites. MinervaF 2010;9(9):112.
  5. Clar C, Barnard K, Cummins E, et al; Aberdeen Health Technology Assessment Group. Self-monitoring of blood glucose in type 2 diabetes: systematic review. Health Technol Assess 2010;14:1-140.
  6. Wens J, Sunaert P, Nobels F, et al. Recommandations de bonne pratique: Diabète sucré de type 2. SSMG 2007.
Autocontrôle glycémique chez les patients présentant un diabète de type 2 non insulinorequérant

Auteurs

Sunaert P.
Vakgroep Huisartsgeneeskunde en Eerstelijnsgezondheidszorg, UGent
COI :

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