Analyse


Existe-t-il une corrélation entre l’évolution clinique d’un syndrome radiculaire lombo-sacré après un an et la présence ou non d’une hernie discale lombaire à l’IRM de contrôle?


15 12 2014

Professions de santé

Analyse de
Abdelilah el Barzouhi A, Vleggeert-Lankamp CL, et al for the Leiden–The Hague Spine Intervention Prognostic Study Group. Magnetic Resonance Imaging in follow-up assessment of sciatica. N Engl J Med 2013;368:999-1007.


Conclusion
Cette étude montre qu’un an après une intervention chirurgicale ou après un traitement conservateur pour sciatique, l’IRM de contrôle ne permet pas de distinguer les patients chez qui l’évolution clinique est favorable de ceux chez qui elle ne l’est pas.


Existe-t-il une <strong><a style="font-size:medium" data-toggle="popover" data-trigger="hover" title="corrélation" data-content="Une corrélation est une association entre deux séries d’observations ou de données. On peut constater par exemple qu’une association existe entre la taille et le poids : les personnes plus grandes ont un poids généralement supérieur à celui des personnes plus petites. Pour voir dans quelle mesure cette association est linéaire (donc peut être résumée par une ligne droite), on calcule le coefficient de corrélation. Le coefficient de corrélation (r) de Pearson décrit l’association linéaire entre deux variables, c’est-à-dire si les différentes mesures se situent au plus près par rapport à une ligne droite. Différents types de coefficients de corrélation existent en fonction de la nature des variables considérées : continues (par exemple la taille et le poids), ordinales, dichotomiques. La valeur du coefficient de corrélation varie entre -1 et +1. Si le coefficient de corrélation est égal à 0, aucun lien n’existe ; une valeur de -1 ou de +1 indique une relation parfaitement linéaire (avec une pente -1 négative et une pente +1 positive). Plus la corrélation est élevée, plus il est facile de prévoir la valeur de la deuxième observation à partir de la première. Un coefficient de corrélation multiple décrit la corrélation linéaire entre une variable et plusieurs autres variables. C’est le «R» obtenu à partir d’une régression multiple.">corrélation</a></strong> entre l’évolution clinique d’un syndrome radiculaire lombo-sacré après un an et la présence ou non d’une hernie discale lombaire à l’IRM de contrôle?

L’IRM (imagerie par résonance magnétique) du rachis lombo-sacré est recommandée si l’on envisage une intervention chirurgicale en cas de suspicion de hernie discale (1). Pourtant, la corrélation entre les symptômes du syndrome radiculaire lombo-sacré et les observations à l’IRM reste sujette à caution. Ainsi, Boden et coll. ont trouvé une hernie discale chez 20% des personnes âgées de moins de 60 ans et en bonne santé, et chez 36% des personnes âgées de plus de 60 ans et en bonne santé (2). Jensen et coll. ont également observé une hernie discale chez 27% des personnes asymptomatiques (3). Même après chirurgie de la hernie discale, on trouve encore des hernies discales chez plus de la moitié des patients asymptomatiques (4-6).

En 2008, la revue Minerva (7) avait commenté les résultats d’une étude contrôlée randomisée pour laquelle des patients présentant une hernie discale démontrée à l’IRM et un diagnostic clinique de syndrome radiculaire lombo-sacré invalidant avaient été randomisés dans 2 groupes : l’un pour être opéré dans les 2 semaines après l’inclusion et l’autre pour un suivi conservateur par le médecin généraliste. Après un an, aucune différence entre les 2 groupes quant à la douleur et aux capacités fonctionnelles n’avait été observée (8).

L’étude d’Abdelilah el Barzouhi, publiée en 2013, a cherché à savoir quelle était la corrélation entre l’évolution clinique des patients après un an et la présence ou non d’une hernie discale lombaire à l’IRM de contrôle (9). Le résultat clinique favorable était défini comme la disparition complète ou presque complète des symptômes après un an. Il apparaît qu’après un an, l’évolution était favorable pour 84% des patients, qu’ils aient ou non subi une intervention chirurgicale. Une hernie discale était présente à l’IRM de contrôle chez 35% des patients chez qui l’évolution clinique était favorable et chez 33% des patients pour qui le résultat clinique était défavorable (p = 0,70 pour la différence). D’autre part, un résultat clinique favorable était présent chez 85% des patients ayant une hernie discale à l’IRM de contrôle et chez 83% des patients n’ayant pas de hernie discale à l’IRM de contrôle (p = 0,70 pour la différence). Les auteurs en concluent donc à juste titre que l’IRM de contrôle ne permet pas de distinguer les patients chez qui le résultat clinique est favorable de ceux chez qui il ne l’est pas (aire sous la courbe ROC = 0,48), et ce, tant pour le groupe ayant subi une intervention chirurgicale que pour le groupe ayant bénéficié d’un traitement conservateur. Les auteurs n’ont pas non plus trouvé de différence statistiquement significative dans les résultats selon la taille de la hernie, le type de hernie (protrusion ou extrusion) ou la présence d’une compression nerveuse à l’IRM. Par ailleurs, la cicatrisation, observée après un an chez 88% des personnes opérées, n’est pas corrélée à la présence de symptômes et ne peut donc pas être retenue comme cause de la récidive des symptômes.

 

Conclusion


Cette étude montre qu’un an après une intervention chirurgicale ou après un traitement conservateur pour sciatique, l’IRM de contrôle ne permet pas de distinguer les patients chez qui l’évolution clinique est favorable de ceux chez qui elle ne l’est pas.

 

Références

  1. Mens JM, Chavannes AW, Koes BW, et al. NHG-Standaard Lumbosacraal radiculair syndroom (LRS) (Eerste herziening). Huisarts Wet 2005;48:171-8.
  2. Boden SD, Davis DO, Dina TS, et al. Abnormal magnetic-resonance scans of the lumbar spine in asymptomatic subjects. A prospective investigation. J Bone Joint Surg Am 1990;72:403-8.
  3. Jensen MC, Brant-Zawadzki MN, Obuchowski N, et al. Magnetic resonance imaging of the lumbar spine in people without back pain. N Engl J Med 1994;331:69-73.
  4. Barth M, Diepers M, Weiss C, Thomé C. Two-year outcome after lumbar microdiscectomy versus microscopic sequestrectomy: part 2: radiographic evaluation and correlation with clinical outcome. Spine (Phila Pa 1976) 2008;33:273-9.
  5. Boden SD, Davis DO, Dina TS, et al. Contrast-enhanced MR imaging performed after successful lumbar disk surgery: prospective study. Radiology 1992;182:59-64.
  6. Van Goethem JW, Van de Kelft E, Biltjes IG, et al. MRI after successful lumbar discectomy. Neuroradiology 1996;38:Suppl1:S90-S6.
  7. de Geeter K. Chirurgie versus traitement conservateur prolongé en cas de sciatique. Minerva 2008;7(5);76-7.
  8. Peul WC, van Houwelingen HC, van den Hout WB, et al; Leiden -The Hague Spine Intervention Prognostic Study Group. Surgery versus prolonged conservative treatment for sciatica. N Engl J Med 2007;356:2245-56.
  9. el Barzouhi A, Vleggeert-Lankamp CL, et al for the Leiden–The Hague Spine Intervention Prognostic Study Group. Magnetic Resonance Imaging in follow-up assessment of sciatica. N Engl J Med 2013;368:999-1007.

Auteurs

de Geeter K.
Dienst Orthopedie, Sint-Maria Ziekenhuis, Halle
COI :

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