Suites en bref...

Nous avons récemment publié dans Minerva (1) une analyse d’une recherche associant une RCT et une étude de préférence (2) et évaluant l’intérêt relatif d’un AINS local et d’un AINS oral pour une gonalgie chez une personne de plus de 50 ans. Cette étude, aux nombreuses limites méthodologiques, ne montrait pas de différence d’efficacité entre les deux traitements. La même équipe d’auteurs a, dans le cadre de la même recherche, réalisé une étude qualitative évaluant les facteurs qui influencent la prise de décision des patients quant à leur choix pour un traitement topique ou oral (3). Ce choix est guidé par leurs perceptions d’effets indésirables possibles (avec la croyance qu’un traitement local ne peut pas avoir d’autre effet indésirable que local), la présence d’une autre pathologie (avec peur éventuelle d’interactions entre les différents médicaments), la durée de la douleur (avec un choix pour un traitement oral si elle est constante ou avec une option thérapeutique locale si elle est transitoire), l’importance de la douleur (traitement local si douleur légère, oral en cas de douleur modérée à sévère), sa localisation unique ou multiple (dans ce cas un AINS oral a un effet perçu comme « général »), l’information (de toute origine) reçue, les aspects pratiques de prise ou d’application. Les auteurs observent aussi une acceptation (tolérance), par les patients, des effets indésirables sauf s’ils sont continus ou non gérables, même en cas d’efficacité limitée. Ils notent également que certains patients normalisent les effets indésirables perçus, les attribuant à l’âge, alors que ces symptômes peuvent indiquer une intolérance à l’AINS, n’informant pas nécessairement leur médecin traitant de leur survenue ou acceptant de prendre un autre médicament pour combattre cet effet indésirable, en estimant que l’AINS les soulage.

La prise en compte des croyances, préoccupations et attentes des patients à propos de leur traitement est essentielle pour la décision du traitement, entre autres pour la perception d’efficacité de ce traitement par le patient. La tolérance des patients et/ou leur acceptation/banalisation d’effets indésirables pour un traitement qu’ils jugent leur être bénéfique doivent nous inciter à plus de vigilance à ce propos.

Références

1. Chevalier P. Ibuprofène local ou oral pour une gonarthrose douloureuse ? MinervaF 2008;7(5):78-9.
2. Underwood M, Ashby D, Cross P, et al; TOIB study team. Advice to use topical or oral ibuprofen for chronic knee pain in older people : randomised controlled trial and patient preference study. BMJ 2008;336:138-42.
3. Carnes D, Anwer Y, Underwood M, et al; TOIB study team. Influences on older people's decision making regarding choice of topical or oral NSAIDs for knee pain: qualitative study. BMJ 2008;336:142-5.