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Minerva étant une revue d'Evidence-Based Medicine promeut la diffusion d'une information scientifique indépendante et apporte une analyse critique des publications pertinentes dans la littérature internationale.


Sommaire avril 2024


Pas de nouvel élément probant sur l’efficacité de certains exercices physiques pour soulager la fatigue liée au cancer

Page 49 - page 51 

Sculier J.P.  

Cette synthèse méthodique avec méta-analyses en réseau montre que les exercices combinés d’aérobie et de résistance sont la meilleure intervention physique pour gérer la fatigue liée au cancer. Les exercices combinés d’aérobie et de résistance, l’activité physique régulière et le yoga se sont avérés efficaces pour gérer la fatigue liée au cancer pendant qu’une personne suit un traitement contre le cancer. Après un traitement contre le cancer, les exercices combinés d’aérobie et de résistance se sont révélés efficaces. Cette revue systématique avec méta-analyse révèle les biais et les faiblesses des études contrôlées disponibles et n’apporte pas en fait d’élément probant nouveau.


Dyspnée du covid long chez les patients ayant eu une ventilation mécaniquement assistée lors de l’infection initiale : revalidation par réentraînement à l’effort ou kiné ordinaire ?

Page 52 - page 56 

Denis B.  

Cette étude de petite taille mais de bonne qualité méthodologique montre la supériorité à court terme d’un traitement kiné de revalidation par réentrainement physique sur un traitement kiné classique en ce qui concerne l’amélioration de la dyspnée chez les patients souffrant de covid long suite à un épisode de covid-19 sévère. Elle ne montre cependant pas de plus grande amélioration de leur qualité de vie.


Pas d’administration systématique de vitamine D (ou analogue) en cas d’insuffisance rénale chronique

Page 57 - page 59 

Sculier J.P.  

Cette revue systématique avec méta-analyse montre qu’il n'existe aucune preuve que le traitement à la vitamine D prévienne les décès toutes causes confondues, les décès cardiovasculaires ou les fractures chez les adultes atteints d'IRC de stade 3 à 5. Un traitement à la vitamine D active pourrait améliorer les troubles du métabolisme minéral osseux, mais l'effet est incertain. La thérapie à la vitamine D réduit la PTH et les phosphatases alcalines sériques chez les patients atteints d'IRC, mais les composés actifs augmentent le risque d'hypercalcémie. Un risque significatif d’hypercalcémie a été mis en évidence. Cette revue systématique avec méta-analyse, avec ses biais et la faiblesse des études contrôlées disponibles, n’apporte pas en fait d’élément probant nouveau en faveur de traitement plus systématique à la vitamine D en cas d’IRC.


Efficacité et sécurité d’une revalidation à domicile via application smartphone avec supervision en post-chirurgie de prothèse totale de genou ?

Page 60 - page 63 

Feron J-M.  

Pour les patients ayant subi une chirurgie de prothèse totale du genou (PTG), comparé à une revalidation à domicile en autonomie avec 3 visites de contrôle, cet essai clinique randomisé pour lequel la méthodologie n’est pas clairement compréhensible montre que la télérevalidation à domicile via application smartphone et supervision bimensuelle peut légèrement améliorer certains scores d’amplitude de mouvement, de fonctionnalité et de qualité de vie à moyen terme. Ce résultat de faible ampleur est à considérer en regard des résultats d’autres études qui concluaient à une non-infériorité de la télérevalidation par rapport à une revalidation en physiothérapie conventionnelle en externe. La télérevalidation en post-PTG peut être considérée comme une alternative aux conditions d’une bonne compréhension et d’une bonne adhésion du patient à l’outil.


La thérapie myofonctionnelle : est-elle efficace dans l'ankyloglossie ?

Page 64 - page 67 

Tonon C.  

Cette revue systématique dont les résultats sont rapportés de manière narrative suggère que la chirurgie est plus efficace que la thérapie myofonctionnelle en cas d’ankyloglossie, bien que les résultats obtenus soient meilleurs si les deux sont combinées. Il n'y a pas suffisamment de preuves pour montrer l’efficacité de la thérapie myofonctionnelle à elle seule. De plus, les études incluses étaient peu nombreuses et de faible qualité méthodologique. De futurs essais cliniques utilisant des échantillons plus importants et de meilleure qualité méthodologique sont nécessaires.


Le jeûne intermittent favorise-t-il la perte de poids chez les personnes atteintes de diabète de type 2 ?


21 03 2024 

Michiels B.  

Cette étude randomisée contrôlée, qui a été correctement menée d’un point de vue méthodologique, montre qu’après six mois, un jeûne intermittent (période d’alimentation de 8 heures), contrairement à un régime hypocalorique, entraîne une perte de poids statistiquement significative par rapport à un groupe témoin. Par comparaison avec le groupe témoin, une évolution favorable de l’HbA1c a été observée tant dans le groupe « jeûne intermittent » que dans le groupe « régime hypocalorique ». Une étude avec un nombre beaucoup plus important de participants s’étalant sur plusieurs années est cependant certainement recommandée pour déterminer l’effet du jeûne intermittent sur la perte de poids et les facteurs cardiovasculaires chez les diabétiques.


Anticoagulants oraux directs pour le traitement à long terme de l’embolie pulmonaire : mise à jour


21 03 2024 

Van Cauwenbergh S.  

Cette mise à jour d’une synthèse méthodique Cochrane de RCTs qui ont été correctement menées d’un point de vue méthodologique confirme que, sur la base des données probantes actuellement disponibles, il n’y a aucune différence entre les AOD et les anticoagulants classiques en ce qui concerne l’efficacité du traitement à long terme (jusqu’à 12 mois) de l’embolie pulmonaire. Il n’y avait pas non plus de différence entre les deux options thérapeutiques quant aux hémorragies majeures, mais des recherches plus approfondies dans certains sous-groupes et avec différents AOD sont vivement recommandées.


Que penser de l’antibiothérapie topique en cas d’érosion de la cornée ?


21 03 2024 

Matthys E., Delbeke H.  

Cette synthèse méthodique Cochrane, qui a été menée correctement d’un point de vue méthodologique, incluant deux petites études présentant un risque de biais élevé ou indéterminé, montre qu’à ce jour, il n’y a pas suffisamment de preuves pour recommander ou déconseiller des antibiotiques topiques dans le traitement de l’érosion de la cornée. Il faut une étude randomisée et contrôlée par placebo, menée correctement d’un point de vue méthodologique, avec une puissance suffisante pour examiner, chez les personnes présentant une érosion de la cornée, l’effet des antibiotiques topiques sur la prévention des infections ophtalmiques, sur le délai de guérison et sur les critères de jugement se rapportant aux patients (tels que l’intensité de la douleur).


Quel est l’effet des interventions visant la prévention des chutes chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ?


21 03 2024 

Verbeke L., Milisen K., Vlaeyen E.  

Cette revue systématique avec méta-analyse de la Cochrane Collaboration qui a été correctement menée d’un point de vue méthodologique, montre que, chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson idiopathique légère à modérée, les interventions d’exercices ont un effet positif sur le nombre de chutes, mais pas sur le nombre de personnes qui font une chute (niveau de preuve modéré). Avec les inhibiteurs de la cholinestérase, on a également observé une diminution du nombre de chutes, mais pas du nombre de personnes qui font une chute. Cependant, la force des preuves était faible à très faible, et l’effet bénéfique doit également être mis en balance avec une augmentation du nombre d’effets indésirables légers. On ne sait toujours pas quel est l’effet de l’éducation, seule ou combinée à des exercices, sur le risque de chute chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.


Quelle est l’utilité des surfaces en mousse dans la prévention des escarres ?


21 03 2024 

Cordyn S.  

Cette synthèse méthodique montre que les surfaces en mousse pourraient augmenter le risque de développer des escarres par comparaison avec les surfaces réactives et dynamiques contenant de l’air. Cette revue avec méta-analyse présente un certain nombre de lacunes méthodologiques importantes, telles qu’une grande hétérogénéité des populations et des interventions entre les études incluses. Les études originales sont également de petites études et présentent généralement un risque de biais indéterminé à élevé.



Pas de nouvel élément probant sur l’efficacité de certains exercices physiques pour soulager la fatigue liée au cancer

Contexte

Comme rapporté dans Minerva en 2009 (1,2), la fatigue liée au cancer est définie comme une sensation subjective caractérisée par un sentiment envahissant et persistant de fatigue non soulagé par le sommeil ou le repos et pouvant affecter négativement un individu au point de vue bien-être émotionnel, physique et mental. Cette analyse d’une synthèse méthodique de la Collaboration Cochrane apportait des preuves d’une efficacité, en termes de diminution de la fatigue, de la pratique d’exercices pendant et après un traitement pour un cancer chez un adulte. La mise à jour en 2012 de cette revue (3) a permis  une conclusion plus précise selon laquelle l'exercice aérobique peut être considéré comme bénéfique pour les personnes souffrant de fatigue liée au cancer pendant et après un traitement contre le cancer, en particulier celles atteintes de tumeurs solides. Des auteurs chinois ont publié en 2023 une méta-analyse (4) en réseau pour déterminer les modalités d'exercice les plus efficaces pour gérer la fatigue liée au cancer pendant et après le traitement du cancer.

 

 

Résumé

Méthodologie

Revue systématique des études randomisées contrôlées publiées dans la littérature de toute langue avec méta-analyses en réseau.

 

Sources consultées 

  • Cochrane Library
  • PubMed
  • Embase
  • Chinese Biomedical (CBM) database
  • China National Knowledge Infrastructure (CNKI)
  • Chinese Scientific Journal Database (VIP)
  • WanFang database
  • publications jusqu’en janvier 2022.

 

Etudes sélectionnées

  • critères d’inclusion : 
    • essais contrôlés randomisés testant les effets de l'exercice sur le soulagement de la fatigue liée au cancer chez des patients adultes atteints de cancer
  • critères d’exclusion : 
    • études autres que RCT, article intégral non disponible, données ne pouvant être extraites, autres approches que des exercices
  • au total, 56 essais (4283 patients) ont été inclus ; les 6 interventions évaluées ont été les exercices d’aérobie, les exercices de relaxation, le yoga, les exercices de résistance, les exercices combinés d'aérobie et de résistance et les interventions complètes ; il y avait 3 groupes témoins : soins habituels, liste d'attente et activité physique régulière.

 

Population étudiée

  • patients adultes ≥ 18 ans, atteints de cancer de tout type et de tout stade et quel que soit le traitement ; l’âge moyen allait de 37 à 73,1 ans
  • trente-huit essais ont étudié des patients recevant un traitement anticancéreux, 10 des patients après traitement, et 8 ne rendaient pas compte du statut thérapeutique des participants
  • concernant le type de tumeur, le plus fréquent était le cancer du sein (24 essais), suivi de mélanges de divers types de cancer (12 essais) et du cancer de la prostate (9 essais).

 

Mesure des résultats

  • critères de jugement  : efficacité de diverses modalités d'exercice sur la fatigue liée au cancer chez les patients atteints de cancer, par rapport au groupe des soins habituels
  • résultats exprimés en différence moyenne standardisée (SMD) et en surface sous la courbe de classement cumulatif (SUCRA).

 

Résultats 

  • globaux : 
    • les exercices combinés d'aérobie et de résistance (17 essais, 502 patients, différence moyenne standardisée (DMS) de 1,57 avec intervalle de crédibilité (ICr) de 1,03 à 2,10), le yoga (16 essais, 556 patients, DMS de 1,02 avec ICr de 0,44 à 1,60) et l’activité physique régulière (6 essais, 226 patients, DMS de 1,07 avec ICr de 0,21 à 1,92) pourraient atténuer la fatigue liée au cancer par rapport au groupe des soins habituels
    • les exercices combinés d'aérobie et de résistance ont la probabilité d'efficacité la plus élevée (SUCRA - pour « surface under the cumulative ranking curve » - de 97,2% avec ICr de 0,75 à 1,00), suivis du yoga (SUCRA de 75,5% avec ICr de 0,38 à 1,00) et de l'activité physique régulière (SUCRA de 74,1% avec ICr de 0,25 à 1,00)
  • pendant le traitement du cancer : les exercices combinés d'aérobie et de résistance (9 essais, 314 patients) se sont classés au premier rang en termes de probabilité d'efficacité (SUCRA de 94,5% avec ICr de 0,75 à 1,00), suivis par l'activité physique régulière (3 essais, 127 patients, SUCRA de 82,1% avec ICr de 0,25 à 1,00) et le yoga (10 essais, 439 patients, SUCRA de 73,8% avec ICr de 0,38 à 1,00)
  • après un traitement contre le cancer : seuls les exercices combinés d'aérobie et de résistance (4 essais, 62 patients, DMS de 0,99 avec ICr de 0,13 à 1,84) ont eu un effet significatif sur la fatigue liée au cancer.

 

Conclusion des auteurs

Les auteurs concluent que les exercices combinés d’aérobie et de résistance, le yoga et l’activité physique régulière sont les modalités d’exercice les plus efficaces pour soulager la fatigue liée au cancer. Des exercices combinés d’aérobie et de résistance sont recommandés pendant et après le traitement du cancer.

 

Financement de l’étude 

Étude financée par the National Natural Science Foundation of China and the National Social Science Fund of China.

 

Conflit d’intérêts des auteurs

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.

 

 

Discussion

 

Évaluation de la méthodologie

Les auteurs n’ont pas réalisé une méta-analyse traditionnelle en raison d’un haut risque de biais de publication mis en évidence par l’asymétrie du graphique en entonnoir et le test d’hétérogénéité I². Ils ont dès lors procédé à une méta-analyse bayésienne en réseau avec 6 interventions possibles dont trois se sont avérées associées à une diminution de la fatigue associée au cancer : les exercices combinés d’aérobie et de résistance, le yoga et l’activité physique régulière. Notons que le manque d'essais randomisés sur le yoga par rapport à l'activité physique régulière et sur les exercices combinés d'aérobie et de résistance par rapport au yoga, a empêché les comparaisons directes de ces modalités d'exercice, ce qui peut réduire le niveau de confiance des résultats de l'étude. Le risque de biais dans les essais individuels a été évalué à l'aide de l'outil Cochrane. Quatorze essais n'ont pas rapporté de méthodes adéquates de génération de séquences aléatoires ; 25 essais présentaient un risque incertain de biais de sélection en raison de l'absence de description de la méthode d'assignation. La mise en aveugle des participants et du personnel n'était pas possible pour l'intervention d'exercice, de sorte que le risque de biais de performance était élevé dans toutes les études. Trois essais présentaient un risque élevé de biais d'attrition. 
Le nombre de sujets est souvent très petit. Ainsi par exemple dans le sous-groupe posttraitement, il n’est que de 37 pour le yoga. L’échantillonnage dépasse rarement 500 cas pour une intervention et n’atteint jamais 600 cas malgré l’agrégation des études.

 

Évaluation des résultats
Le niveau de confiance des données probantes est très faible pour tous les critères de jugement, évalué par le système GRADE en fonction du risque de biais, d'incohérence et d'imprécision, ainsi que d'incohérence entre les estimations directes et indirectes.
Les traitements évalués sont aussi très hétérogènes. Il n’y a pas non plus dans l’article de description précise des différentes interventions. Les auteurs ont également amalgamé les patients sans tenir compte de l’âge, du type de cancer, de son stade, du projet thérapeutique (curatif ? palliatif ?), des comorbidités, du niveau de forme physique des patients. Ceci rend difficile de recommander une intervention précise pour un patient bien déterminé.

 

Que disent les guides pour la pratique clinique ?

Outre les revues Cochrane déjà mentionnées, il n’y a pas beaucoup de recommandations publiées sur la prise en charge de la fatigue liée au cancer. L’ESMO (Société européenne d'oncologie médicale) a produit en 2019 des recommandations de pratique clinique sur le sujet (5). Pour cette société, sur la base des résultats d'essais randomisés et de revues systématiques, l'exercice physique peut être recommandé chez les patients non cachectiques atteints de cancer. Des exercices physiques d'intensité modérée et des exercices de résistance aérobie et fonctionnelle sont recommandés chez les patients atteints de fatigue. Des activités physiques comme la marche et les exercices d'aérobie et de résistance à domicile sont recommandées pour améliorer la fatigue et la qualité de vie. Pour l’ESMO, les preuves d'efficacité sont fortes ou modérées mais avec un bénéfice clinique limité.

 

 

Conclusion de Minerva 

Cette synthèse méthodique avec méta-analyses en réseau montre que les exercices combinés d’aérobie et de résistance sont la meilleure intervention physique pour gérer la fatigue liée au cancer. Les exercices combinés d’aérobie et de résistance, l’activité physique régulière et le yoga se sont avérés efficaces pour gérer la fatigue liée au cancer pendant qu’une personne suit un traitement contre le cancer. Après un traitement contre le cancer, les exercices combinés d’aérobie et de résistance se sont révélés efficaces.
Cette revue systématique avec méta-analyse révèle les biais et les faiblesses des études contrôlées disponibles et n’apporte pas en fait d’élément probant nouveau. 

 

 

 

Références 

  1. Chevalier P. Exercices et fatigue liée au cancer. MinervaF 2009;8(4):52.
  2. Cramp F, Daniel J. Exercise for the management of cancer-related fatigue in adults. Cochrane Database Syst Rev 2008, Issue 2. DOI: 10.1002/14651858.CD006145.pub2
  3. Cramp F, Byron-Daniel J. Exercise for the management of cancer-related fatigue in adults. Cochrane Database Syst Rev 2012, Issue 11. DOI: 10.1002/14651858.CD006145.pub3
  4. Dong B, Qi Y, Lin L, et al. Which exercise approaches work for relieving cancer-related fatigue? A network meta-analysis. J Orthop Sports Phys Ther 2023;53:343‑52. DOI: 10.2519/jospt.2023.11251
  5. Fabi A, Bhargava R, Fatigoni S, et al. Cancer-related fatigue: ESMO Clinical Practice Guidelines for diagnosis and treatment. Ann Oncol 2020;31:713‑23. DOI: 10.1016/j.annonc.2020.02.016

 


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Dernière mise à jour du site : 1/04/2024