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Minerva étant une revue d'Evidence-Based Medicine promeut la diffusion d'une information scientifique indépendante et apporte une analyse critique des publications pertinentes dans la littérature internationale.
Sommaire avril 2025
Et si on marchait un peu ? Efficacité d’un programme personnalisé de remise en marche dans la prévention de la lombalgie commune.
Page 50 - page 53
Feron J-M.
Cet essai clinique randomisé de très bonne qualité méthodologique montre qu’un programme personnalisé de remise à la marche associé à une formation spécifique permet de retarder significativement l’incidence de récidive de la lombalgie commune chez des patients adultes, sur un suivi de 1 à 3 ans. Cette intervention a également montré sa sécurité et sa rentabilité économique calculée en QALY (pour l’Australie). Cet essai permet de recommander une reprise progressive et personnalisée de la marche avec éducation. De plus, la mache est une activité physique très accessible et sûre.
Intérêt d’un ciblage par IRM des lésions à biopsier dans le dépistage du cancer de la prostate ?
Page 54 - page 56
Sculier J.P.
Les auteurs concluent que dans leur essai, l’omission de la biopsie chez les patients présentant des résultats d’IRM négatifs a éliminé plus de la moitié des diagnostics de cancer de la prostate cliniquement insignifiant, avec un risque associé très faible d’avoir un cancer incurable diagnostiqué lors du dépistage ou comme cancer d’intervalle. Ces conclusions s’appliquent aux hommes âgés de 50 à 60 ans au moment du premier dépistage du cancer de la prostate et avec un dosage de PSA ≥ 3 ng/ml. L’analyse de l’effet de ce dépistage sur la survie globale ou spécifique n’est pas encore disponible.
Thérapie manuelle et exercice pour les épicondylites.
Page 57 - page 62
Pelletier A.
Cette revue systématique de RCTs montre que, chez les patients souffrant d’épicondylite latérale, la thérapie manuelle et/ou les exercices offrent une amélioration modérée de la douleur et de l’incapacité fonctionnelle à court terme (4 à 12 semaines) par rapport à une intervention minimale ou un placebo. Ces 2 interventions améliorent les résultats par rapport à une ou injection de glucocorticoïdes seule. Les évènements indésirables sont plus nombreux mais légers et transitoires. Cette revue est de bonne qualité méthodologique mais est basée sur des études présentant de nombreuses limites méthodologiques, dont l’hétérogénéité des protocoles d’intervention en termes de durée et d’intensité des traitements, ce qui limite la comparabilité des résultats.
Dépistage du cancer du sein : partager la décision avec les patientes, quel impact ?
Page 63 - page 67
Henrard G.
Cette revue systématique avec méta-analyses, de bonne qualité méthodologique mais à la question de recherche trop large et souffrant d’une grande hétérogénéité clinique, montre que l’application d’une prise de décision médicale partagée chez les femmes de 40 à 75 ans dans le cadre du dépistage du cancer du sein pourrait légèrement améliorer les connaissances et réduire les conflits décisionnels des patientes. Beaucoup d’aspects important du problème restent inexplorés à ce jour.
La télémédecine dans le cadre de soins palliatif en cas de cancer du poumon avancé est-elle équivalente à la consultation en présentielle ?
Page 68 - page 72
Tock R.
Cette étude randomisée contrôlée (RCT) multicentrique conclut que la téléconsultation et le présentiel sont équivalents en termes d’amélioration de la qualité de vie des patients en soins palliatifs. L’étude présente une bonne qualité méthodologique pour l’évaluation de son critère principal, avec une conception rigoureuse et des analyses statistiques adaptées garantissant la robustesse des résultats. Cependant, plusieurs limites méthodologiques restreignent l’interprétation du critère secondaire relatif à la participation des aidants. En particulier, l’absence de données sur le profil socio-économique et numérique des aidants, ainsi que la différence structurelle entre le présentiel (où certains patients nécessitaient un accompagnement pour se déplacer) et la téléconsultation, pourraient avoir introduit des biais non pris en compte dans l’analyse.
Effet des verres de lunettes avec filtre anti-lumière bleue sur la performance visuelle, le sommeil et la santé maculaire chez l’adulte.
19 03 2025
Hanselaer L.
Cette synthèse méthodique Cochrane sur l’effet des filtres anti-lumière bleue a inclus des RCTs comportant de nombreuses sources de biais. Elles étaient en outre souvent très petites et hétérogènes en ce qui concerne la population étudiée, la durée de l’intervention et le suivi. Par conséquent, sur la base des résultats de cette revue, nous ne pouvons rien conclure quant à l’effet des filtres anti-lumière bleue sur la fatigue visuelle, la qualité du sommeil et la santé maculaire. Il convient de mener des études solides, de qualité élevée, contrôlées par placebo, avec un suivi suffisamment long.
Thérapie d’acceptation et d’engagement pour les personnes atteintes de maladie neuromusculaire ?
19 03 2025
Stukken L.
Cette étude randomisée contrôlée, qui a été correctement menée d’un point de vue méthodologique, montre un effet statistiquement significatif de la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), par comparaison avec la prise en charge habituelle, sur la qualité de vie des patients atteints de maladie neuromusculaire. La pertinence clinique de cet effet est cependant encore incertaine. Avant de pouvoir recommander l’intervention, des études supplémentaires sont donc nécessaires.
Efficacité de la kinésithérapie centrée sur la personne chez les personnes âgées ayant des problèmes de mobilité.
19 03 2025
Boers A.
Cette étude contrôlée avec randomisation par grappes, avec protocole avec permutation séquentielle (« stepped wedge protocol »), montre que l’intervention de kinésithérapie centrée sur la personne, comparée à la kinésithérapie classique, a un effet statistiquement significatif sur l’activité physique, la mobilité, le degré de fragilité et la qualité de vie des personnes âgées fragiles vivant à domicile. La conception pragmatique garantit que les résultats correspondent bien à la pratique clinique. Cependant, les symptômes des patients ayant participé à cette étude ne sont pas clairement précisés, et l’on ne peut donc pas savoir pour quels groupes ce traitement est plus ou moins utile. Le taux élevé d’abandons dans le groupe intervention rend également le résultat moins robuste.
Y a-t-il une association entre la consommation d’aliments ultratransformés et la mortalité ?
19 03 2025
Van Den Broecke N.
Cette étude de cohorte prospective à grande échelle, menée aux États-Unis, principalement auprès de professionnels de la santé, en prenant en compte de très nombreux facteurs de confusion, montre, après un suivi d’une durée médiane de 34 ans, une faible association entre la consommation la plus élevée (quantité médiane de 7,4 portions/jour) d’aliments ultratransformés et la mortalité par rapport à ceux dont la consommation était la plus faible (quantité médiane de 3 portions/jour). L’association s’est estompée lorsque la qualité nutritionnelle globale a été prise en compte. L’association était la plus forte avec les produits ultratransformés à base de viande, de poisson et de volaille, ainsi qu’avec les boissons rafraîchissantes additionnées d’édulcorants. Aucune association avec la mortalité cardiovasculaire ou par cancer n’a pu être montrée.
L’amitriptyline pour le syndrome de l’intestin irritable ?
19 03 2025
Samyn J., Lemmens O., Poelman T.
Cette étude de phase 3, randomisée, contrôlée, en double aveugle, qui a été menée correctement dans une population de soins de première ligne, montre qu’une faible dose d’amitriptyline, par comparaison avec un placebo, a un effet limité sur les symptômes chez des adultes qui présentent des symptômes persistants du syndrome de l’intestin irritable malgré l’instauration initiale d’un traitement symptomatique. On ignore toutefois si cet effet est cliniquement pertinent, et, de plus, il faut tenir compte d’un effet placebo important. Cette étude ne permet pas de savoir quels sous-groupes répondent le mieux au traitement. En outre, l’amitriptyline est associée à de nombreux effets indésirables. Des recherches supplémentaires avec des analyses de sous-groupes et des analyses coût-efficacité sont nécessaires avant de mettre en œuvre ce traitement en médecine générale.
Et si on marchait un peu ? Efficacité d’un programme personnalisé de remise en marche dans la prévention de la lombalgie commune.
Contexte
Minerva a déjà analysé de nombreuses études concernant la prise en charge des lombalgies aiguës ou chroniques, mais très peu concernant la prévention des récidives, pourtant réputées fréquentes. Une analyse (1) d’une synthèse méthodique de 2010 (2) a évalué des programmes d’exercices effectués après épisode lombalgique aigu. Dans cette méta-analyse effectuée à partir de 2 études, les résultats montraient, avec des preuves de qualité modérée, versus absence d’intervention, une réduction du nombre de sujets avec récidive sur 6 mois à 2 ans de suivi. Cependant, pour l’analyse de 2 à 5 ans de suivi, le résultat était non statistiquement significatif. Le nombre de jours de maladie était réduit. Si le bénéfice de l’activité physique de façon large est intuitivement admis en prévention des récidives de la lombalgie commune, aucune recherche n’avait évalué l’efficacité, la sécurité et le coût d’un exercice assez spécifique et en même temps très accessible tel que la marche (3).
Résumé
Population étudiée
- critère d’inclusion :
- adultes (âgés de 18 ans ou plus) ayant récupéré d’un épisode de lombalgie commune non spécifique d’une durée minimale de 24 h durant les 6 mois précédents
- un épisode de lombalgie était défini comme une douleur dans la zone située entre la 12e côte et le pli fessier
- critères d’exclusion :
- étaient exclus les patients souffrant d’une lombalgie avec cause spécifique (fracture, cancer, infection), d’une comorbidité empêchant la participation au programme de marche, les patientes avec grossesse, les patients ayant subi une chirurgie spinale dans les 6 mois précédents, les personnes participant régulièrement à un programme d’activité physique de prévention des lombalgies, les personnes pratiquant régulièrement la marche (> 3 x 30 min/semaine) ou un autre sport d’intensité modérée à importante
- au total, entre septembre 2019 et juin 2022, 701 personnes ont participé à l’étude (351 dans le groupe intervention et 350 dans le groupe contrôle) ; 96% des participants ont été suivis jusqu’à un an après début de l’intervention ; l’âge moyen des participants était de 54 ans, 80% étaient des femmes ; les caractéristiques physiques et psycho-sociales des participants étaient fort similaires dans les deux groupes ; la durée cumulée moyenne de marche dans le groupe intervention était de 80 min/sem. en semaine 1 et de 130 min/sem. en semaine 12.
Protocole d’étude
- essai clinique randomisé à 2 bras
- en Australie
- participation de 25 cliniques
- groupe intervention : programme étalé sur 6 mois comprenant 6 sessions (les 5 premières sur 12 semaines, puis une 6ième session de rappel à 6 mois) de coaching à la marche animées par un kinésithérapeute formé spécifiquement ; entre ces sessions les participants étaient invités à marcher régulièrement (l’objectif idéal étant d’arriver progressivement à 5 x 30 min par semaine), leur activité physique étant enregistrée via notes personnelles et podomètre ; chaque programme était personnalisé et tenait compte de l’histoire personnelle, des capacités physiques (BMI entre autres), des objectifs, des contraintes temporelles et environnementales du participant ; les sessions tenaient entre autres compte de l’adhésion au programme ; à côté de ces sessions un programme de formation était proposé pour améliorer les connaissances par rapport aux mécanismes de la douleur et rassurer quant au risque de récidive de la douleur
- les participants du groupe contrôle n’ont reçu aucune intervention, mais n’étaient pas empêchés de rechercher d’eux-mêmes des stratégies de prévention par rapport à la douleur.
Mesure des résultats
- critère de jugement primaire : nombre de jours entre le moment de la randomisation dans l’essai clinique et le premier épisode de récurrence d’une lombalgie limitant les activités journalières ; la lombalgie devait avoir une durée d’au moins 24 heures, avec une intensité de douleur supérieure à 2 sur une échelle numérique de 0 à 10
- critères de jugement secondaires : autres indicateurs de récurrence de la lombalgie (par exemple par la recherche de soins), le degré d’incapacité physique (via le questionnaire de Roland Morris), la qualité de vie en fonction de la santé, le degré d’activité physique, le degré de sédentarité, le recours à d’éventuelles autres interventions, la survenue d’effets secondaires sérieux
- à côté de l’évaluation physique, une évaluation d’ordre économique a utilisé des indicateurs d’années de vie ajustées à la qualité de vie (QALY), le nombre de jours d’incapacité due à une lombalgie, les coûts respectifs de l’intervention par coaching et des soins de santé liés à la lombalgie, le coût de l’absentéisme
- analyses en intention de traiter pour les critères de jugement primaires et secondaires.
Résultats
- critère primaire : le nombre médian de jours avant une récidive était de 208 jours avec IC à 95% de 149 à 295 dans le groupe d'intervention et de 112 jours avec IC à 95% de 89 à 140 dans le groupe contrôle ; l'intervention a réduit le risque de récidive de lombalgie limitant l'activité par rapport au groupe témoin (HR 0,72 avec IC à 95% de 0,60 à 0,85) ; p = 0,0002)
- critères secondaires :
|
Intervention vs contrôle |
Risque de récurrence de lombalgie limitation d’activité |
HR de 0,72 avec IC à 95% de 0,60 à 0,85 |
Risque de récurrence de lombalgie |
HR de 0,80 avec IC à 95% de 0,68 à 0,94 |
Risque de récurrence de recherche de soins |
HR de 0,57 avec IC à 95% de 0,44 à 0,74 |
Différence moyenne estimée en incapacité à 3 mois (questionn. RM) |
DM de -1,41 avec IC à 95% de -2,26 à -0,55 |
Différence moyenne estimée en incapacité à 12 mois (questionn. RM) |
DM de -1,28 avec IC à 95% de -2,01 à -0,55 |
- d’un point de vue économique :
- le groupe d’intervention a gagné plus de QALY que le groupe témoin (DM de 0,023 avec IC à 95% de 0,011 à 0,034) et a connu moins de récidives conduisant à une limitation d’activité que le groupe témoin au cours des 12 premiers mois (DM de -0,16 avec IC à 95% de -0,22 à -0,09)
- le rapport coût*efficacité différentiel par année de vie ajustée à la qualité de vie était de 7802 dollars australiens, ce qui donne une probabilité de 94% que l’intervention soit rentable à un seuil de « willingness to pay » de 28 000 dollars
- bien que le nombre total de participants rapportant au moins un effet indésirable fût similaire dans les deux groupes (52 et 54% respectivement), le nombre d’effets indésirables liés aux membres inférieurs était plus important dans le groupe intervention.
Conclusion des auteurs
Les auteurs concluent qu’une formation et un programme progressif et individualisé de remise à la marche diminuent de façon significative les récurrences de lombalgies. Cette intervention accessible, adaptable et sûre pourrait influencer la prise en charge globale de la lombalgie commune.
Financement de l’étude
National Health and Medical Research Council (Australie).
Conflits d’intérêt des auteurs
Tous les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.
Discussion
Évaluation de la méthodologie
Cette RCT apparait comme très rigoureuse avec protocole et plan d’analyse statistique prépubliés, rapportée conformément aux directives CONSORT et CONSORT Extension for RCTs Revised in Attenuating Circumstances, analyse en intention de traiter et structure simple avec deux bras d’étude en 1:1. Les critères d’inclusion et d’exclusion sont bien décrits et cohérents. La randomisation comprenait des blocs permutés de manière aléatoire de 4, 6 et 8 patients, stratifiés par antécédents de plus de deux épisodes antérieurs de lombalgie au cours de la vie, qui est le seul facteur pronostique systématiquement rapporté pour la récidive de la lombalgie (4), et le recrutement à partir de la publicité communautaire par rapport à l'orientation du clinicien. L’intervention est bien précisée et reproductible. Les mesures d'adhésion à l'intervention ont été recueillies tout au long de l'essai, y compris la participation aux séances, la durée de la marche consignée dans le journal de marche de 12 semaines et l'adhésion autodéclarée (Brief Adherence Rating Scale - BARS, qui va de 0 (pas du tout conforme) à 10 (très conforme)) recueillie trimestriellement pendant 12 mois. Les critères de jugements sont assez nombreux mais cohérents entre eux et focalisés principalement sur deux axes : efficacité / sécurité clinique et rentabilité économique. Les résultats en matière de coûts sociétaux semblent complets : ils comprennent les coûts attribués à la prestation de l'intervention (participation aux séances, podomètre et coûts d'impression associés au journal de marche), les coûts des soins de santé associés aux lombalgies (hospitalisation, services de soins de santé et médicaments) et l'absentéisme au travail recueillis au moyen de questionnaires administrés aux patients à 3, 6, 9 et 12 mois. La nature de l’intervention a empêché le côté aveugle de l’étude. Le suivi est réalisé sur une durée relativement longue (au moins 1 an, souvent 3 ans).
Évaluation des résultats
Cette étude démontre qu’une intervention de marche et d’éducation, comparée à un groupe témoin sans traitement, peut réduire considérablement les récidives de lombalgie.
Les caractéristiques socio-économiques des participants étaient très similaires dans les deux groupes. Les participants ont été recrutés dans tout le territoire de l’Australie (autant en ville qu’à l’extérieur), ce recrutement large a été fortuitement favorisé par la pandémie covid. Les participants ont été recrutés par le biais de publicités communautaires (médias sociaux et bulletins d'information des entreprises) et de recommandations de cliniciens (médecins généralistes, physiothérapeutes). Toutes les stratégies publicitaires dirigeaient les participants potentiels vers un formulaire de sélection préliminaire en ligne sur le site Web de l'essai. Ceux qui ont réussi la sélection initiale ont subi une sélection complète par téléphone avec un membre de l'équipe de recherche. Pour que cette procédure soit appliquée en Belgique, il faudra disposer d'un budget et d'un personnel suffisants. Aucune explication n’est donnée quant au recrutement très majoritairement féminin dans les deux groupes, ce qui pourrait remettre légèrement en question l’extrapolation à la population générale. Le taux de suivi à 1 an (96%) était excellent. Même si les effets indésirables étaient de nature différente dans les 2 groupes, la sécurité globale de l’intervention était aussi bonne que celle du contrôle. Les résultats selon les différents critères de jugement étaient globalement très cohérents entre eux, à peu près tous en faveur de l’intervention, même si à 1 an de suivi la durée totale de marche était similaire dans les 2 groupes. Cette étude ne permet pas de déterminer si c’est la formation ou le coaching à la marche qui a été le plus déterminant dans les résultats du groupe intervention. D’un point de vue économique, les résultats indiquent que l’intervention préventive peut être considérée comme un investissement rentable. Une méta-analyse Cochrane de 2010 (2) plaide également pour l’efficacité de l’exercice en prévention de la lombalgie bien que certaines études donnent des preuves contradictoires.
L’intervention combinant marche et éducation étudiée ici, basée sur une approche de coaching en santé, a significativement réduit la récurrence des lombalgies. Ces résultats, obtenus selon une RCT correctement menée méthodologiquement, seraient selon les auteurs une première mondiale. Accessible et peu coûteuse, elle a de meilleures chances d'être mise en œuvre à grande échelle par rapport aux formes d'exercice précédemment étudiées. Ces résultats soulignent l'importance de la gestion préventive et pourraient, comme le notent les auteurs, influencer la prise en charge des lombalgies. Il appartient cependant aux experts belges de réaliser les calculs en fonction des coûts appliqués en Belgique des différentes interventions, professionnels et outils et en fonction des seuils de rentabilité définis en Belgique.
Que disent les guides de pratique clinique ?
Selon Ebpracticenet (5), « il existe des données probantes de qualité élevée indiquant que les personnes atteintes de lombalgie aiguë à qui il est conseillé de garder le lit ressentent un peu plus de douleur et un peu moins de récupération fonctionnelle que celles à qui il est conseillé de rester actives ». Le guide KCE pour la lombalgie (6) recommande le maintien de l’activité physique et l’autogestion à tous les stades de la douleur. Le guide HAS sur la lombalgie commune (7) recommande « aux personnes ayant présenté une lombalgie de pratiquer régulièrement une activité physique et/ou des exercices d’autorééducation afin de diminuer le risque de récidive (GRADE B). Le choix de l’activité physique doit prendre en compte la préférence du patient ». En résumé le maintien de l’activité physique est unanimement recommandé dans le traitement de la lombalgie commune, aiguë ou chronique. Cette recommandation a souvent été extrapolée dans la prévention secondaire de ce trouble très fréquent, mais avec un niveau de preuve jusqu’à présent faible à modéré.
Conclusion de Minerva
Cet essai clinique randomisé de très bonne qualité méthodologique montre qu’un programme personnalisé de remise à la marche associé à une formation spécifique permet de retarder significativement l’incidence de récidive de la lombalgie commune chez des patients adultes, sur un suivi de 1 à 3 ans. Cette intervention a également montré sa sécurité et sa rentabilité économique calculée en QALY (pour l’Australie). Cet essai permet de recommander une reprise progressive et personnalisée de la marche avec éducation. De plus, la mache est une activité physique très accessible et sûre.
- Chevalier P. Exercices en prévention des lombalgies récidivantes. Minerva Analyse 27/05/2010.
- Choi BK, Verbeek JH, Tam WW, Jiang JY. Exercices for prevention of recurrences of low-back pain. Cochrane Database Syst Rev 2010, Issue 1. DOI: 10.1002/14651858.CD006555.pub2
- Pocovi N, Lin CW, French SD, et al. Effectiveness and cost-effectiveness of an individualised, progressive walking and education intervention for the prevention of low back pain recurrence in Australia (WalkBack): a randomised controlled trial. Lancet 2024:404:134-44. DOI: 10.1016/S0140-6736(24)00755-4
- da Silva T, Mills K, Brown BT, et al. Recurrence of low back pain is common: a prospective inception cohort study. J Physiother 2019;65:159-65. DOI: 10.1016/j.jphys.2019.04.010
- Lombalgie (aiguë) et sciatique : alitement ou maintien de l'activité ? Ebpracticenet. Mis à jour par JBI: 14/09/2021. Screené par Ebpracticenet: 13/02/2024.
- Van Wambeke P, Desomer A, Ailliet L, et al. Guide de pratique clinique pour les douleurs lombaires et radiculaires. KCE Report 287B. 2017.
- Haute Autorité de Santé. Prise en charge du patient présentant une lombalgie commune. HAS, 2019.