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Minerva étant une revue d'Evidence-Based Medicine promeut la diffusion d'une information scientifique indépendante et apporte une analyse critique des publications pertinentes dans la littérature internationale.


Sommaire décembre 2025


En payant pour chaque médicament innovant, améliore-t-on la santé de la population générale ?

Page 220 - page 225 

Claus B.  

Tous les pays européens ressentent les effets de la hausse substantielle des prix des nouveaux médicaments biologiques complexes utilisés en hémato-oncologie ou dans le traitement de maladies rares. Il s’agit de plus en plus souvent de petites niches de patients. Cela nous ramène au cœur du débat, à savoir qu’il faut disposer d’un budget suffisant pour traiter tous les patients atteints de maladies transmissibles et non transmissibles courantes (équité) et, parallèlement, pour traiter les petits groupes de patients gravement malades qui souffrent, par exemple, d’une maladie orpheline incurable (solidarité). Ce sera le véritable défi des années à venir, un exercice qu’il vaut mieux entreprendre avec plusieurs états membres partageant les mêmes idées, comme dans le cadre de l’initiative BeNeLUX-A mise en place à cet effet entre la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Autriche et l’Irlande.


Efficacité à long terme des stratégies de mise en œuvre de la thérapie cognitivo-comportementale pour le trouble anxieux généralisé.

Page 220 - page 225 

Stas P.  

Cette étude observationnelle de suivi de deux études randomisées contrôlées d’implémentation suggère que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour le traitement du trouble anxieux généralisé (TAG) est efficace à long terme (2 à 8 ans) avec un taux de guérison de 53%. Différentes stratégies d’implémentation ont abouti à des résultats similaires après le suivi. En d’autres termes, cela favorise la flexibilité clinique dans l’orientation du traitement. L’étude présente d’importantes limitations méthodologiques, notamment l’absence d’un groupe témoin sans traitement et une hétérogénéité significative entre les études initiales, ainsi qu’une généralisation limitée des résultats.


Effet combiné du jeûne intermittent et de l’exercice sur le poids et la masse grasse chez l’adulte.

Page 226 - page 230 

Van Hemelryck N.  

Cette synthèse méthodique avec méta-analyse en réseau suggère que différentes formes de jeûne intermittent, seul ou combiné à différentes formes d’exercice, peuvent favoriser la perte de poids et de masse grasse chez l’adulte. Selon cette étude, la combinaison d’un jeûne alterné et d’un entraînement continu d’intensité modérée permet d’obtenir la plus forte diminution du poids et de la masse grasse. Cependant, il convient de tenir compte de certaines lacunes méthodologiques importantes, et, de plus, les études incluses sont très hétérogènes en termes de populations étudiées. Cela complique la transposition des résultats à la pratique clinique.


Efficacité des interventions sur le mode de vie ciblant l’indice de masse corporelle et l’indice de masse grasse chez les enfants.

Page 231 - page 235 

Joossens S.  

Cette synthèse méthodique avec méta-analyse par paires et méta-analyse en réseau montre que les interventions à plusieurs composantes ciblant le mode de vie, par comparaison avec la prise en charge habituelle, est efficace pour améliorer la composition corporelle des enfants âgés de 4 à 12 ans. Les composantes individuelles centrées sur la nutrition, sur l’exercice physique ou sur le changement de comportement ne semblent pas être efficaces individuellement, par comparaison avec la prise en charge habituelle. Les effets sont les plus marqués chez les enfants dont le BMI et l’indice de masse grasse sont élevés lors de l’instauration du traitement. Cette méta-analyse présente toutefois d’importantes lacunes sur le plan de la méthodologie, comme une hétérogénéité statistique et clinique significative et une description incomplète des interventions et des participants inclus.


Un outil d’aide à la décision clinique pour guider le recours aux antibiotiques chez les enfants présentant une maladie aiguë ?

Page 236 - page 240 

Michiels B.  

Cette RCT pragmatique avec randomisation en grappes montre qu’un outil d’aide à la décision qui intègre un arbre décisionnel clinique, un test CRP sur le lieu de l’intervention (point of care test, POCT) et des conseils de sécurité permet de réduire le nombre de prescriptions d’antibiotiques pour les enfants présentant une maladie aiguë en première ligne de soins, sans effets néfastes sur la guérison ou sur le recours aux soins. Cette étude est de bonne qualité méthodologique, et elle soutient la mise en œuvre de cet outil dans la pratique. Une analyse coûts-avantages planifiée doit néanmoins encore montrer sa faisabilité.


La rééducation axée sur plusieurs domaines réduit-elle la mortalité cardiovasculaire et les hospitalisations chez les personnes âgées victimes d’un infarctus du myocarde ?

Page 241 - page 245 

De Coninck L.  

Cette étude randomisée contrôlée montre que la rééducation axée sur plusieurs domaines, comparée à la prise en charge habituelle, entraîne une diminution du critère de jugement composite combinant décès et hospitalisations non programmées chez des personnes âgées victimes d’un infarctus du myocarde. Elle a été correctement menée d’un point de vue méthodologique. Seuls un biais de performance et un biais de détection ne peuvent être exclus avec certitude. En outre, l’interprétation des résultats est également plus difficile suite à l’absence d’une correction qui aurait tenu compte du fait qu’il y avait plusieurs tests. Des recherches à long terme sont certainement encore nécessaires pour tirer des conclusions définitives concernant l’effet sur la mortalité (cardiovasculaire) et sur la qualité de vie.


Les interventions encourageant les amitiés sont-elles efficaces chez les enfants atteints de troubles du neurodéveloppement ?

Page 246 - page 252 

Boers A.  

Cette synthèse méthodique avec méta-analyse de 12 RCTs n’a pas pu démontrer d’effet global statistiquement significatif des interventions encourageant les amitiés, par rapport à un groupe témoin. Plus précisément, dans un sous-groupe d’enfants atteints de TDAH, une amélioration légère à modérée du développement d’amitiés a été observée grâce à des interventions ciblées. En raison de l’importante hétérogénéité clinique en termes d’interventions, de groupes cibles et de critères de jugement, il est difficile d’extrapoler les résultats à la pratique. De plus, la validité externe est réduite du fait que les troubles du neurodéveloppement autres que l’autisme et le TDAH sont peu représentés.


Une intervention de santé numérique peu après la naissance permet-elle de prévenir l’obésité chez les enfants ?

Page 253 - page 256 

Raemdock E.  

Cette étude randomisée contrôlée multicentrique dans laquelle l’évaluation des résultats a été réalisée en aveugle a montré qu’une intervention numérique en plus de conseils sur le mode de vie réduisait le profil poids-taille des enfants au cours des 24 premiers mois de vie, par rapport à un groupe témoin qui a seulement reçu des conseils sur le mode de vie.


Quel est l’effet d’une intervention personnalisée effectuée dans plusieurs domaines sur les fonctions cognitives et sur les facteurs de risque de démence ?

Page 257 - page 261 

Cornelis E., Allart J., Poelman T.  

Cette étude randomisée contrôlée menée en ouvert pour laquelle l’évaluation des résultats ayant été effectuée en aveugle, suggère que chez les personnes âgées, une intervention centrée sur la personne et effectuée dans plusieurs domaines sur des facteurs modifiables peut conduire à de petites améliorations en termes de fonctions cognitives et de facteurs de risque de démence. Cependant, il s’agit d’une étude pilote menée auprès d’une petite population sélectionnée. Les résultats ne permettent donc que de formuler des hypothèses. De futures études dotées d’une puissance statistique suffisante et utilisant des critères de jugement cliniquement pertinents sont nécessaires pour examiner l’effet d’interventions ciblées et centrées sur la personne, effectuées dans plusieurs domaines, pour la prévention de la démence.


Le score de risque de vertige de Sudbury est-il un outil fiable pour exclure les causes graves de vertiges ?

Page 262 - page 265 

Poelman T.  

Cette étude de cohorte rétrospective, qui a été correctement menée d’un point de vue méthodologique dans trois services d’urgence au Canada, montre que le score de risque de vertige de Sudbury est un outil de diagnostic fiable pour les symptômes de vertige avec une valeur seuil de 5. Etant donné que la prévalence des pathologies graves dans cette étude correspond à un contexte de soins de première ligne, les résultats peuvent être extrapolés à la médecine générale. Toutefois, une étude diagnostique prospective supplémentaire pour comparer cet outil à un test de référence est nécessaire avant de mettre en œuvre cet outil dans la pratique quotidienne.


Fièvre chez l’enfant : traiter le mal-être plutôt que la température. Quelle stratégie antipyrétique adopter ?


28 11 2025 

Nonneman A.  

Cette synthèse méthodique avec méta-analyses en réseau de bonne qualité méthodologique apporte des éléments intéressants sur l’efficacité relative des monothérapies et bithérapies antipyrétiques. Elle suggère que les schémas combinés ou alternés permettent une réduction plus rapide et plus durable de la fièvre que le paracétamol seul, avec un profil de tolérance comparable à court terme. Toutefois, elle est basée sur des études originales présentant des risques de biais importants, des définitions de la fièvre variables et parfois éloignées de la pratique clinique, des mesures de température non uniformes ainsi que la présence de co-interventions pouvant introduire des biais de confusion. Contrairement aux recommandations actuelles, les critères d’évaluation reposaient principalement sur la température corporelle plutôt que sur l’inconfort ressenti par l’enfant. En outre, l’évaluation s’arrêtait généralement à 4 ou 6 heures, sans réelle donnée sur la sécurité lors d’un usage répété. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour évaluer la sécurité des schémas combinés ou alternés lors d’un usage répété, et pour déterminer leur impact sur l’inconfort lié à la fièvre.


La méditation de pleine conscience numérique peut-elle améliorer le stress en entreprise ?


28 11 2025 

Tock R.  

Cette RCT montre qu’un programme bref de méditation de pleine conscience délivré numériquement est une méthode efficace, accessible et évolutive pour réduire le stress perçu et améliorer divers aspects du bien-être chez les employés d’un centre médical universitaire. Cet essai randomisé présente une rigueur méthodologique élevée (allocation dissimulée, analyse en intention de traiter, instruments validés), mais sa population - majoritairement féminine, hautement qualifiée, familière des outils numériques et issue d’un environnement universitaire favorable à la pleine conscience - limite la généralisabilité des résultats.


Bouger pour mieux aimer : l’exercice physique améliore-t-il la fonction sexuelle après un cancer de la prostate ?


28 11 2025 

Tock R.  

Cet essai contrôlé randomisé montre qu’à la suite d’exercices physiques en aérobie, la fonction érectile des patients ayant été traités pour un cancer de la prostate s’est améliorée indépendamment d’une éducation psychosexuelle et d’autogestion. Toutefois, les limites méthodologiques de cette étude ne permettent pas de conclure avec certitude à l’efficacité du traitement proposé ni à sa pertinence clinique. La transposabilité au contexte belge est également questionnée. De nouvelles recherches devraient donc être menées avec des échantillons plus larges et une durée de suivi plus longue.


La kinésithérapie pour prévenir l'incontinence urinaire en postpartum ?


28 11 2025 

Jacqmin J.  

Cette revue systématique de 2025 met en évidence que le renforcement des muscles du plancher pelvien a un effet positif sur la prévention de l’incontinence urinaire post-partum. Bien qu’elle soit de bonne qualité méthodologique et s’inscrive dans la tendance visant à intégrer la kinésithérapie dans la prise en charge des incontinences urinaires d’effort en péripartum, les études incluses présentent des protocoles de rééducation et des méthodes d’analyse trop hétérogènes pour pouvoir tirer des conclusions pratiques et généralisables.


Pas d’argument pour la restriction hydrique chez l’insuffisant cardiaque chronique.


28 11 2025 

Sculier J.P.  

Les résultats de cet essai clinique randomisé multicentrique montrent qu'une consommation de liquides non restreinte n'a pas entraîné de différence significative sur l'état de santé des patients, comparée à une restriction à 1500 ml par jour. Cependant, la consommation libre de liquides a permis de réduire la sensation de soif. Aucun problème de sécurité n'a été observé avec la consommation libre de liquides, comme en témoignent l'absence de différences significatives concernant les évènements indésirables, notamment la mortalité, les hospitalisations pour insuffisance cardiaque ou les modifications du traitement médicamenteux. Ces résultats remettent donc en question la nécessité de restreindre la consommation de liquides chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque chronique stable et symptomatique.



En payant pour chaque médicament innovant, améliore-t-on la santé de la population générale ?

Les nouveaux médicaments avec « déclaration d’innovation », qui élargissent l’éventail actuel des possibilités thérapeutiques, sont, à partir d’une méta-vision, supposés améliorer la santé au niveau de la population (impact sur la santé de la population). En économie de la santé, cet impact est souvent exprimé en années de vie pondérées par la qualité (quality-adjusted life year, QALY), ce qui permet de procéder à une comparaison générale de l’effet des traitements dans les différentes maladies. Ce gain en QALY ne peut toutefois être dissocié du coût d’opportunité résultant du fait que les fonds sont plutôt investis pour gagner ces QALY. La plupart des systèmes de remboursement permettent qu’un surcoût soit accordé si le nouveau traitement est susceptible d’apporter un bénéfice supplémentaire par rapport à l’arsenal thérapeutique existant. Cependant, lorsque vous réalisez un investissement supplémentaire dans de nouveaux médicaments, vous devez également tenir compte de l’opportunité ou de la chance que vous laissez passer d’investir dans une autre option. Il peut également s’agir d’alternatives non pharmacologiques. De plus, cette perte d’opportunité découlant du choix d’une innovation doit être considérée au niveau de la population dans son ensemble. En effet, l’investissement que vous choisissez de faire dans de nouveaux médicaments vous empêche d’apporter les soins que cet argent permettrait de fournir à chaque citoyen qui entre en contact avec le système de santé. On ne peut effectivement dépenser un euro qu’une seule fois. Pour déterminer si de nouveaux médicaments valent bien l’investissement et contribuent à améliorer la santé de la population dans son ensemble, il faut donc comparer ces coûts d’opportunité aux QALY gagnés. 

 

La question est donc de savoir si les nouveaux médicaments commercialisés au cours des vingt dernières années ont amélioré la santé au niveau de la population. 

 

En l’absence d’un tel exercice pour la Belgique, nous devons nous inspirer du NICE (National Institute for Health and Care Excellence) au Royaume-Uni (1). Les chercheurs ont étudié rétrospectivement toutes les évaluations de médicaments réalisées par le NICE entre 2000 et 2020, ce qui a donné une liste de 339 dossiers individuels sur des médicaments. Il est important de savoir qu’au Royaume-Uni, seuls les médicaments dont le rapport coût-efficacité est inférieur à un certain seuil (20 000 à 30 000 livres sterling par QALY gagné) sont recommandés par le NICE pour leur inclusion dans le remboursement par le National Health Service (NHS). Les médicaments, dont le rapport coût efficacité est défavorable, sont donc exclus de l’analyse. 

 

Les principaux domaines thérapeutiques identifiés étaient les médicaments oncologiques, qui représentaient 45% des indications étudiées, suivis par le groupe des nouveaux médicaments immunologiques (21%) et des nouveaux médicaments cardiovasculaires (8%). Le calcul pour une période de vingt ans indique un gain de 3,75 millions de QALY pour un peu moins de 20 millions de patients. Cela s’est accompagné d’un investissement net de 75 milliards de livres sterling, correspondant aux dépenses nettes estimées à partir des chiffres d’affaires nationaux. Les remises nationales accordées par les titulaires de licence ont déjà été prises en compte. Les traitements immunologiques représentaient environ un tiers des dépenses (estimées à partir du chiffre d’affaires national), soit 33%, suivis par l’oncologie (30%) et les médicaments cardiovasculaires (21%). 

 

En gros, cela représente un coût net par QALY gagné de 20 000 £ (75 milliards de livres sterling/3,75 millions de QALY) pour l’ensemble de l’arsenal. Supposons que ce même montant de 75 milliards de livres sterling ait été dépensé dans l’intérêt général (pour tous les citoyens, dans tous les domaines thérapeutiques possibles), en partant du principe que, dans le contexte britannique, chaque QALY ne coûte que 15 000 livres sterling (2-5) et que les nouveaux médicaments n’auraient pas été ajoutés à l’éventail, 5 millions de QALY supplémentaires auraient été générés au niveau de la population au cours de cette période de vingt ans. On peut considérer que cela représente la perte découlant des investissements dans l’innovation pour des groupes de patients spécifiques. À première vue, le bénéfice net résultant de l’investissement dans de nouveaux médicaments ne semble donc pas se traduire par une amélioration de la santé au niveau de la population (seulement 3,75 millions de QALY contre 5 millions de QALY potentiels). Cela signifierait que les bénéfices individuels observés dans les groupes de patients susceptibles de tirer profit des nouveaux médicaments ne sont pas visibles au niveau de la population. Il est également remarquable que les traitements oncologiques, qui représentent la deuxième part la plus importante du budget consacré aux nouveaux médicaments, contribuent le plus à ce résultat négatif de 1,25 million de QALY « non réalisés ». Il est intéressant de noter qu’une analyse de groupes de médicaments plus restreints révèle en revanche d’autres tendances : ainsi, investir dans de nouvelles options thérapeutiques en infectiologie, en ophtalmologie et dans d’autres domaines tels que la santé mentale s’avère rentable au niveau de la population (avec une augmentation globale de 0,36 million QALY). Les budgets supplémentaires alloués à ces domaines (< 5 milliards de livres sterling) sont toutefois insignifiants par rapport à ceux consacrés aux médicaments immunologiques, oncologiques et cardiovasculaires (qui, ensemble, représentent plus de 64 milliards de livres sterling). 

 

La conclusion sévère selon laquelle la santé de la population ne s’améliore pas nécessairement en investissant dans des médicaments nouveaux et plus coûteux peut être abordée de deux manières critiques. Soit la rentabilité des nouveaux médicaments est estimée de manière trop conservatrice (et les médicaments génèrent tout de même une valeur ajoutée dans la pratique), soit les soins classiques sont surestimés (ce qui signifie que l’approche pratique n’est peut-être pas aussi étayée qu’on le pensait, avec une utilisation excessive, insuffisante ou inappropriée). Dans une analyse de sensibilité, ces deux scénarios extrêmes pourraient faire pencher la balance en faveur de l’investissement dans de nouveaux médicaments en termes de bénéfice net pour la santé. 

 

Les auteurs de la publication britannique estiment toutefois que ces scénarios extrêmes (à savoir la sous-estimation de la valeur de l’innovation ou la surestimation de la valeur des soins classiques) sont peu susceptibles de se produire. Les études post-commercialisation menées dans les années qui suivent la commercialisation n’apportent généralement pas de preuves tangibles quant à l’efficacité (6,7), et, comme indiqué, les nouveaux médicaments non rentables ont été exclus de l’analyse. De plus, l’inclusion de ces thérapies non rentables dans l’exercice aurait entraîné une augmentation du nombre de QALY perdus au niveau de la population et n’aurait donc certainement pas inversé la conclusion concernant les gains en matière de santé au niveau de la population. En effet, dans le contexte britannique, le rapport coût-efficacité d’un nouveau médicament ne doit pas dépasser le surcoût de 15 000 £ par QALY gagné, calculé sur l’ensemble du cycle de vie, pour apporter une contribution au niveau de la population. Ce n’est pas vraiment réaliste pour les nouveaux médicaments. Un compromis pourrait donc consister à augmenter le coût unitaire d’un nouveau médicament au début de son cycle de vie (pendant la période de brevet, lorsque celui-ci n’est pas encore expiré et que le titulaire de l’autorisation bénéficie d’une exclusivité commerciale), en tolérant un rapport coût-efficacité moins favorable, suivi de baisses de prix suffisamment importantes durant la période qui suit l’expiration du brevet (avec des rapports coût-efficacité favorables). De nombreux pays, dont la Belgique, demandent pour cette raison des baisses de prix importantes après l’expiration du brevet (que l’on appelle des « patent cliffs »). Bien entendu, cette dernière intervention ne doit pas détourner l’attention de l’essentiel, à savoir convenir d’un prix équitable dès le début du remboursement. Une dernière critique à l’égard de l’étude est qu’elle n’a pas pleinement pris en compte l’impact des options non pharmacologiques (8).

 

Quoi qu’il en soit, tous les pays européens ressentent les effets de la hausse substantielle des prix des nouveaux médicaments biologiques complexes utilisés en hémato-oncologie ou dans le traitement de maladies rares. Il s’agit de plus en plus souvent de petites niches de patients. Cela nous ramène au cœur du débat, à savoir qu’il faut disposer d’un budget suffisant pour traiter tous les patients atteints de maladies transmissibles et non transmissibles courantes (équité) et, parallèlement, pour traiter les petits groupes de patients gravement malades qui souffrent, par exemple, d’une maladie orpheline incurable (solidarité). Ce sera le véritable défi des années à venir, un exercice qu’il vaut mieux entreprendre avec plusieurs états membres partageant les mêmes idées, comme dans le cadre de l’initiative BeNeLUX-A mise en place à cet effet entre la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Autriche et l’Irlande (9). 

 

 


Références 

  1. Naci H, Murphy P, Woods B, et al. Population-health impact of new drugs recommended by NICE in England during 2000-20: retrospective analysis. Lancet 2025:405:50-60. DOI: 10.1016/S0140-6736(24)02352-3
  2. Soares MO, Sculpher MJ, Claxton K. Health opportunity costs: assessing the implications of uncertainty using elicitation methods with experts. Med Decis Making 2020;40:448-59. DOI: 10.1177/0272989X20916450
  3. Claxton K, Lomas J, Martin S. The impact of NHS expenditure on health outcomes in England: Alternative approaches to identification in all-cause and disease specific models of mortality. Health Econ 2018;27:1017-23. DOI: 10.1002/hec.3650
  4. Martin S, Lomas J, Claxton K, Longo F. How effective is marginal healthcare expenditure? New evidence from England for 2003/04 to 2012/13. Appl Health Econ Health Policy 2021;19:885-903. DOI: 10.1007/s40258-021-00663-3
  5. Martin S, Claxton K, Lomas J, Longo F. The impact of different types of NHS expenditure on health: marginal cost per QALY estimates for England for 2016/17. Health Policy 2023;132:104800. DOI: 10.1016/j.healthpol.2023.104800
  6. Salcher-Konrad M, Naci H, Davis C. Approval of cancer drugs with uncertain therapeutic value: a comparison of regulatory decisions in Europe and the United States. Milbank Q 2020;98:1219-1256. DOI: 10.1111/1468-0009.12476
  7. Gyawali B, Hey SP, Kesselheim AS. Assessment of the clinical benefit of cancer drugs receiving accelerated approval. JAMA Intern Med 2019;179:906-13. DOI: 10.1001/jamainternmed.2019.0462
  8. Charlton V. What price is society willing to pay for new drugs. Lancet 2025;405:3-5. DOI: 10.1016/S0140-6736(24)02562-5
  9. The Beneluxa initiative. Zorginstituut Nederland. URL: https://english.zorginstituutnederland.nl/international-network/beneluxa-initiative

 


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Dernière mise à jour du site : 23/12/2025