Analyse
AINS topiques : l’intérêt du diclofénac confirmé
15 09 2013
Professions de santé
Texte sous la responsabilité de la rédaction francophone
Nous vous avons déjà présenté dans la revue Minerva plusieurs publications concernant l’intérêt des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en usage topique, aussi bien dans l’arthrose (généralement la gonarthrose (1-3)) que dans la douleur aigüe liée à une lésion musculo-tendineuse (foulure, entorse, « fatigue ») (4) en insistant sur l’importance de la préférence du patient pour le résultat thérapeutique (5).
Une récente méta-analyse de la Cochrane Collaboration (6) évalue l’efficacité de ces AINS topiques (crème, gel, système transdermique, solution) sur une durée d’au moins 2 semaines dans les douleurs musculo-squelettiques chroniques (au moins 3 mois d’évolution) chez l’adulte, dans des études de bonne qualité méthodologique. Après une recherche exhaustive et une sélection sévère, les auteurs ont inclus 34 études (32 publications) avec un total de 7 688 patients, dont 23 études comparant un AINS topique (salicylates exclus) avec un placebo. Le diclofénac est l’AINS le mieux évalué et les méta-analyses versus placebo ne concernent que ce seul AINS topique, dans la gonarthrose et l’arthrose des mains. Sur une durée de 8 à 12 semaines (études de bonne qualité méthodologique), pour une réduction de la douleur d’au moins 50 %, le NST est de 6,4 (IC à 95 % de 4,6 à 10) pour la solution de diclofénac et de 11 (IC à 95 % de 7,7 à 17) pour le gel mais la différence entre les 2 présentations n’est pas statistiquement significative. Les données pour les autres AINS topiques versus placebo sont de niveau trop faible pour un calcul fiable d’un NST.
Pour les comparaisons AINS topiques versus AINS par voie orale (5 études, 1 735 patients), aucune différence en termes d’efficacité n’est montrée (RR de 1,02 avec IC à 95 % de 0,94 à 1,11).
En ce qui concerne la sécurité de ces AINS topiques, des réactions locales (généralement des réactions cutanées qualifiées de légères) sont observées, sans augmentation d’effets indésirables sérieux. Les effets indésirables gastro-intestinaux ne sont pas plus fréquents que sous placebo mais moins fréquents qu’avec les AINS par voie orale. Rappelons cependant que les AINS topiques peuvent provoquer des effets systémiques indésirables sévères, même si ceux-ci semblent fort rares : dermatoses évoluant à distance de la zone d’application, asthme, hémorragie digestive, insuffisance rénale aiguë de mécanisme immunoallergique ou aggravation d’une insuffisance rénale chronique (7).
Conclusion
Cette synthèse méthodique confirme l’intérêt potentiel du diclofénac en application topique 4 fois par jour pendant 8 à 12 semaines dans la gonarthrose et l’arthrose des mains avec une efficacité égale à celle du diclofénac oral et une plus grande sécurité (gastro-intestinale) pour cette forme topique. Les données pour les autres AINS topiques sont de niveau trop faible pour pouvoir se prononcer.
Références
- Chevalier P. AINS topiques dans l'arthrose. MinervaF 2005;4(5):78-80.
- Chevalier P. AINS topiques dans l’arthrose. MinervaF 2007;6(7):112.
- Chevalier P. Ibuprofène local ou oral pour une gonarthrose douloureuse ? MinervaF 2008;7(5):78-9.
- Chevalier P. AINS topiques pour une douleur aiguë. Minerva online 28/01/2011.
- Chevalier P. Ibuprofène local ou oral : la préférence du patient. MinervaF 2008;7(6):96.
- Derry S, Moore RA, Rabbie R. Topical NSAIDs for chronic musculoskeletal pain in adults. Cochrane Database Syst Rev 2012, Issue 9.
- Insuffisance rénale due aux AINS topiques. Rev Prescr 2001;21:676.
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