Analyse


BPCO : un traitement par ipratropium ou tiotropium n’influence pas une réhospitalisation dans les 6 mois


15 02 2014

Professions de santé

Analyse de
Kawasumi Y, Paterson MJ, Morrow RL, et al. Comparative effectiveness of tiotropium and ipratropium in prevention of hospital readmission for COPD: a population-based cohort study. Clin Ther 2013;35:523-1.


Conclusion
Cette étude d’observation ne montre pas de plus-value du tiotropium versus ipratropium pour prévenir une réhospitalisation pour BPCO après une première hospitalisation index pour BPCO ; elle ne permet pas de préciser une variation en fonction de la sévérité de la BPCO.


 


Texte sous la responsabilité de la rédaction francophone

 

 

Nous avons analysé dans la revue Minerva plusieurs publications évaluant l’efficacité et la sécurité du tiotropium (et de l’ipratropium). Nous avons conclu (1) que l’importante étude UPLIFT (2) évaluant l’efficacité du tiotropium administré durant 4 ans chez des patients présentant une BPCO modérée à très sévère, ne montrait  pas, versus placebo, de bénéfice statistiquement significatif ni pour l’évolution du VEMs ni pour le nombre de patients ayant au moins une exacerbation. Pour la qualité de vie, le bénéfice observé n’atteignait pas le seuil de pertinence clinique. Une méta-analyse (3) incluant entre autres cette étude UPLIFT, montrait l’efficacité du tiotropium dans le traitement de la BPCO (stade GOLD III, VEMS < 50 %) en termes d’exacerbations et d’hospitalisations, efficacité cependant limitée. En ôtant une étude qui provoquait une importante hétérogénéité, la différence n’était plus que de -0,19 avec IC à 95 % de -0,28 à -0,09 pour les exacerbations, avec un rapport bénéfice/coût non favorable (4).

L’étude POET-COPD (5), au vu de ses limites méthodologiques non acceptables, n’a pas apporté de preuves fiables d’une plus-value du tiotropium versus salmétérol chez des patients souffrant de BPCO avec exacerbations (6).

Au point de vue de la sécurité des anticholinergiques inhalés, la méta-analyse de Singh (7) montrait une augmentation de risque cardiovasculaire (décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde ou AVC) avec l’ipratropium mais non avec le tiotropium. Une autre méta-analyse (8), sur données individuelles, montrait que le tiotropium n’augmentait pas le risque de décès global et pourrait même réduire la survenue d’évènements cardiovasculaires (9).

 

L’étude de cohorte de Kawasumi (10) a évalué l’efficacité du tiotropium versus ipratropium pour réduire le risque de réhospitalisation pour BPCO. Elle a inclus des patients (canadiens) âgés ≥ 45 ans (avec un âge moyen de 72,8 ans), hospitalisés pour BPCO, sans hospitalisation ni consultation pour BPCO dans l’année avant cette hospitalisation index. Les patients ont reçu après cette hospitalisation index un anticholinergique inhalé dans les 30 jours dans 17,8% des cas, plus souvent de l’ipratropium (73,2 %) que du tiotropium (26,7 %). Issus de chacun de ces groupes, 750 sujets ont été appariés pour comparaison (1 500 sujets au total). L’appariement s’est fait selon l’âge, le sexe et un score de propension (probabilité de recevoir un traitement donné en fonction d’un ensemble de 500 caractéristiques, la sévérité de la BPCO n’étant cependant pas prise en compte). Les résultats ne motrent pas de différence entre les 2 groupes appariés en termes de réhospitalisations pour BPCO (14,3 % des 1 500 sujets appariés) dans les 6 mois après l’hospitalisation index. Une relation entre utilisation de tiotropium et réhospitalisation pour BPCO n’est donc pas montrée : HR de 1,02 avec IC à 95 % de 0,85 à 1,24.

 

Conclusion

Cette étude d’observation ne montre pas de plus-value du tiotropium versus ipratropium pour prévenir une réhospitalisation pour BPCO après une première hospitalisation index pour BPCO ; elle ne permet pas de préciser une variation en fonction de la sévérité de la BPCO.

 

Références

  1. Chevalier P. Tiotropium et évolution du VEMs dans la BPCO. MinervaF 2009;8(3):26-7.
  2. Tashkin DP, Celli B, Senn S, et al; UPLIFT Study Investigators. A 4-year trial of tiotropium in chronic obstructive pulmonary disease. N Engl J Med 2008;359:1543-54.
  3. Van den Bruel A, Gailly J, Neyt M. Does tiotropium lower exacerbation and hospitalization frequency in COPD patients: results of a meta-analysis. BMC Pulm Med 2010;10:50.
  4. Chevalier P. Tiotropium pour la BPCO. Minerva online 28/03/2011.
  5. Vogelmeier C, Hederer B, Glaab T, et al; POET-COPD Investigators. Tiotropium versus salmeterol for the prevention of exacerbations of COPD. N Engl J Med 2011;364:1093-103. (etude POET-COPD)
  6. Chevalier P. Tiotropium et BPCO : moins d'exacerbations ? MinervaF 2011;10(6):67-8.
  7. Singh S, Loke Y, Furberg C. Inhaled anticholinergics and risk of major adverse cardiovascular events in patients with chronic obstructive pulmonary disease: a systematic review and meta-analysis. JAMA 2008;300:1439-50.
  8. Celli B, Decramer M, Leimer I, et al. Cardiovascular safety of tiotropium in patients with COPD. Chest 2010;137:20-30.
  9. Chevalier P. Sécurité cardiovasculaire du tiotropium. MinervaF 2010;9(5):60-1.
  10. Kawasumi Y, Paterson MJ, Morrow RL, et al. Comparative effectiveness of tiotropium and ipratropium in prevention of hospital readmission for COPD: a population-based cohort study. Clin Ther 2013;35:523-1.

   

Noms de marque

  • Ipratropium: Atrovent®, Nebu-Trop®
  • Tiotropium: Spiriva®
BPCO : un traitement par ipratropium ou tiotropium n’influence pas une réhospitalisation dans les 6 mois



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