Analyse
Efficacité et risques de la chirurgie bariatrique
15 07 2014
Professions de santé
Texte sous la responsabilité de la rédaction néerlandophone
La revue Minerva a déjà consacré plusieurs articles aux avantages et aux inconvénients de la chirurgie bariatrique (anneau gastrique et by-pass gastrique) comme traitement pour les patients obèses. En cas d’obésité sévère (IMC > 40 ou > 35 avec comorbidités), la chirurgie bariatrique a une influence favorable sur la mortalité (2-10) et elle a un effet positif sur les complications cardiovasculaires et sur l’amélioration du diabète de type 2 (3-11). L’intervention est toutefois associée à des effets indésirables parfois graves ou gênants (3-11). Un suivi médical avec traitement des déficits reste donc nécessaire. Le risque de suicide pourrait aussi être augmenté, raison pour laquelle un dépistage psychologique est indiqué avant de décider du traitement, de même qu’un accompagnement psychologique après l’intervention (1-4,10-12).
Une nouvelle synthèse méthodique a été effectuée en 2013 (5).164 études ont été sélectionnées, dont 37 études contrôlées randomisées et 127 études d’observation. L’âge moyen des participants était de 45 ans ; 79 % étaient des femmes, et l’IMC moyen était = à 46. Les auteurs ont réalisé une synthèse méthodique avec méta-analyse, avec analyse des résultats sommés en modèle d’effets fixes et en modèle d’effets aléatoires en cas d’hétérogénéité statistique entre les résultats d’études, et une analyse de méta-régression. Une mortalité postopératoire de 0,08 % (avec IC à 95 % de 0,01 % à 0,24 %) dans les 30 jours et de 0,31 % (avec IC à 95 % de 0,01 % à 0,75 %) après le 30e jour a été mise en évidence à partir des RCTs. Ces chiffres de mortalité sont moins élevés que dans les synthèses méthodiques déjà publiées (6,7). La diminution de l’indice de masse corporelle a été de 12 à 17 à 5 ans (très peu d’études consignent les IMC après 5 ans). Le pourcentage de rémission a été de 92 % pour le diabète (avec IC à 95 % de 85 % à 97 %), de 75 % pour l’hypertension (avec IC à 95 % de 62% à 86%) et de 66 % pour les affections cardiovasculaires (avec IC à 95 % de 0 % à 100 %). Ce dernier critère de jugement était cependant mal défini, l’affection principale étant la coronaropathie, et les résultats ne concernent que 3 études d’observation. Le pourcentage de complications a été de 17 % (avec IC à 95 % de 11 % à 23 %). Il a fallu réopérer dans 7 % des cas (avec IC à 95 % de 3 % à 12 %). la chirurgie bariatrique par by-pass gastrique a été plus efficace en terme de perte de poids que les anneaux gastriques adaptables, mais elle a été associée à plus de complications. Le nombre de réinterventions a été le plus élevé avec les anneaux gastriques (12 % avec IC à 95 % de 4 % à 24 %).
En 2013 également, les résultats d’une étude de cohorte menée en Suède de patients obèses à propos de laquelle la revue Minerva a déjà publié plusieurs analyses (1-3) abordant la question de la consommation d’alcool après chirurgie bariatrique ont été publiés (8). Ils montrent que la consommation d’alcool représente un problème chez 6,9 % des personnes opérées versus 4 % des témoins. Le risque est augmenté principalement après les opérations de by-pass. Ce problème a encore été récemment confirmé et décrit en détail dans la revue belge Tijdschrift voor Geneeskunde (9). Après une opération de chirurgie bariatrique par by-pass gastrique, les patients ressentent plus rapidement et plus longtemps l’effet d’une petite quantité d’alcool, rendant probablement plus difficile la maîtrise de leur consommation d’alcool.
Conclusion
Cette synthèse méthodique avec méta-analyse montre que la chirurgie bariatrique est efficace pour le traitement de l’obésité sévère (IMC > 40 ou > 35 avec comorbidités) tant pour la diminution du poids que pour la rémission de comorbidités. La mortalité postopératoire légèrement augmentée, le nombre de complications postopératoires (y compris psychiques) et le nombre de réinterventions invitent cependant à bien en informer les patients, et à assurer une préparation et un suivi post opératoire adéquats.
Références
- Michiels B. Chirurgie bariatrique et accidents cardiovasculaires à long terme. Minerva online 28/11/2012.
- Michiels B. Mortalité 7-10 ans après chirurgie bariatrique. MinervaF 2008;7(4):64.
- Michiels B. Chirurgie de l’obésité: dix ans de suivi. MinervaF 2005;4(10):150-2.
- Michiels B, Vermeire E, Peeters M. Chirurgie de l'obésité. MinervaF 2004;3(7):109-12.
- Chang SH, Stoll CR, Song J, et al. The effectiveness and risks of bariatric surgery: an updated systematic review and meta-analysis, 2003-2012. JAMA Surg 2013;149:275-87.
- Buchwald H, Avidor Y, Braunwald E, et al. Bariatric surgery: a systematic review and meta-analysis. JAMA. 2004;292:1724-37.
- Maggard MA, Shugarman LR, Suttorp M, et al. Meta-analysis: surgical treatment of obesity. Ann Intern Med. 2005;142:547-59.
- Svensson PA(1), Anveden Å, Romeo S, et al. Alcohol consumption and alcohol problems after bariatric surgery in the Swedish obese subjects study. Obesity (Silver Spring) 2013;21:2444-51.
- Merckx N, Everaert M, Destoop M, Dom G. Alcoholproblemen na bariatrische heelkunde: gevalsbeschrijving en literatuuroverzicht. Tijdschr Geneeskd 2014;70:318-22.
- Sjöström L, Narbro K, Sjöström CD, et al; Swedish Obese Subjects Study. Effects of bariatric surgery on mortality in Swedish obese subjects. N Engl J Med 2007;357:741-52.
- Sjöström L, Lindroos A, Peltonen M et al. Lifestyle, diabetes, and cardiovascular risk factors 10 years after bariatric surgery. N Engl J Med 2004;351:2683-93.
- Schauer PR, Kashyap SR, Wolski K, et al. Bariatric surgery versus intensive medical therapy in obese patients with diabetes. N Engl J Med 2012;366:1567-76.
Auteurs
Michiels B.
Vakgroep Eerstelijns- en Interdisciplinaire Zorg, Centrum voor Huisartsgeneeskunde, Universiteit Antwerpen
COI :
Glossaire
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