Analyse


Médicaments et fatigue liée au cancer (suite)


28 02 2011

Professions de santé

Analyse de
Minton O, Richardson A, Sharpe M, et al. Drug therapy for the management of cancer-related fatigue. Cochrane Database Syst Rev 2010, Issue 7.


Conclusion
Cette synthèse méthodique de l’intérêt d’un médicament pour lutter contre la fatigue liée au cancer module de précédentes conclusions : intérêt éventuel mais faible du méthylphénidate, recours à des érythropoïétines non recommandé, malgré leur efficacité, au vu de leurs effets indésirables potentiels chez des patients présentant un cancer avancé.



 

La fatigue liée au cancer est une plainte fréquente, de cause non totalement élucidée et donc difficile à traiter. Nous avons déjà analysé dans Minerva (1) une synthèse méthodique de la Cochrane Collaboration (2) qui apportait des preuves d’une efficacité, en termes de diminution de la fatigue, de la pratique d’exercices pendant et après un traitement pour un cancer chez un adulte, sans permettre cependant de recommander un type particulier d’exercices. Nous avons également commenté (3) une autre synthèse publiée en 2008 par Minton et coll. (4) concernant l’intérêt des médicaments dans le traitement de la fatigue liée au cancer. Cette publication apportait des preuves d’une efficacité limitée pour le méthylphénidate, l’érythropoïétine et la darbépoétine (en cas d’anémie pour ces 2 derniers médicaments), mais sans conclusion possible quant au rapport bénéfices/risques. Elle ne mentionnait pas de comparaison pour ces médicaments avec des prises en charge non médicamenteuses.

 

Minton et coll. publient en 2010 une mise à jour de leur synthèse méthodique (5). Ils ajoutent 6 nouvelles RCTs aux précédentes. Un total de 31 études (n=7104) permet une analyse détaillée. L’intérêt limité mais significatif (p=0,005) du méthylphénidate est confirmé, dans des études sur une faible population (5 études, 410 patients au total) : DMS pour le score de fatigue versus placebo -0,28 (IC à 95% de -0,48 à -0,09), test I² 0%. Les données plus récentes concernant les effets indésirables des érythropoïétines dans cette indication (e.a. mortalité accrue en cas de cancer avancé (6)) incitent à ne plus les recommander. Pour les antidépresseurs, la sommation des résultats de 2 études avec de la paroxétine ne montre pas de bénéfice significatif. Pour des progestagènes, une méta-analyse de 4 études (587 patients) ne montre pas de bénéfice, avec une hétérogénéité très importante entre les études (test I² 98%). Une étude (n=466) montre l’intérêt de l’ibandronate en termes de fatigue chez des patientes présentant un cancer du sein avec métastases osseuses douloureuses. Une étude (n=142) ne montre pas d’intérêt pour le donépézil. 

 

Conclusion

Cette synthèse méthodique de l’intérêt d’un médicament pour lutter contre la fatigue liée au cancer module de précédentes conclusions : intérêt éventuel mais faible du méthylphénidate, recours à des érythropoïétines non recommandé, malgré leur efficacité, au vu de leurs effets indésirables potentiels chez des patients présentant un cancer avancé.

 

 

Références

  1. Chevalier P. Exercices comme traitement de la fatigue liée au cancer. MinervaF 2009;8(4):52.
  2. Cramp F, Daniel J. Exercise for the management of cancer-related fatigue in adults. Cochrane Database Syst Rev 2008, Issue 2.
  3. Chevalier P. Médicaments et fatigue liée au cancer. MinervaF 2009;8(4):51.
  4. Minton O, Richardson A, Sharpe M, et al. A systematic review and meta-analysis of the pharmacological treatment of cancer-related fatigue. J Natl Cancer Inst 2008;100:1155-66.
  5. Minton O, Richardson A, Sharpe M, et al. Drug therapy for the management of cancer-related fatigue. Cochrane Database Syst Rev 2010, Issue 7.
  6. Bohlius J, Schmidlin K, Brillant C, et al. Recombinant human erythropoiesis-stimulating agents and mortality in patients with cancer: a meta-analysis of randomised trials. Lancet 2009;373:1532-42.
Médicaments et fatigue liée au cancer (suite)



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