Revue d'Evidence-Based Medicine
Artérite périphérique et aspirine
Suites en bref...
Cette rubrique de Minerva vous propose un bref résumé de nouvelles études concernant des sujets précédemment traités dans Minerva. Le comité de rédaction estime que l’information nouvelle ne nécessite pas une analyse développée de la publication tout en justifiant une mise au courant de nos lecteurs, en recadrant ces nouvelles données dans la précédente évaluation publiée par nos soins. |
L’intérêt de l’aspirine en prévention cardiovasculaire a fait l’objet de nombreuses publications, notamment d’une méta-analyse reprenant tous les antiagrégants plaquettaires (1) précédemment commentée dans Minerva (2). Cette méta-analyse (287 études cliniques, 135 000 patients) concluait à l’intérêt de l’aspirine en prévention primaire comme secondaire chez tous les patients à haut risque ischémique. Pour les études concernant l’artérite périphérique, deux tiers (N=42, n=9 214 patients) évaluaient des antiagrégants plaquettaires autres que l’aspirine. L’intérêt de l’aspirine en prévention secondaire chez des patients présentant une artérite périphérique n’était donc pas clairement précisé. En particulier chez des patients souffrant d’un diabète de type 2 et présentant une artérite asymptomatique des membres inférieurs, son intérêt en prévention primaire d’incident cardiovasculaire ou de décès n’est pas montré dans une récente RCT (3,4).
Une nouvelle méta-analyse fait le point pour tous les sujets présentant une artérite périphérique (5). Elle identifie 18 RCTs incluant un total de 5 269 patients et choisit comme critère primaire les événements cardiovasculaires (infarctus du myocarde ou AVC non fatal, décès cardiovasculaire) : RR aspirine seule ou avec dipyridamole versus placebo 0,88, IC à 95% de 0,76 à 1,04. Pour les critères secondaires, RR aspirine (seule ou avec dipyridamole) versus contrôle (placebo dans la majorité des cas) : 0,66 (0,47 à 0,94) pour l’AVC non fatal, pas de différence significative pour la mortalité globale ou cardiovasculaire, pour l’infarctus du myocarde ni pour les saignements majeurs. Des résultats similaires sont observés en ne reprenant que les études évaluant l’aspirine seule.
Conclusion
Nous ne disposons pas de preuves robustes de l’intérêt de l’aspirine (seule ou avec du dipyridamole) en prévention cardiovasculaire (sauf peut-être pour les AVC) chez des sujets présentant une artérite périphérique.
Références
- Antithrombotic Trialists’ Collaboration. Collaborative meta-analysis of randomised trials of antiplatelet therapy for prevention of death, myocardial infarction, and stroke in high risk patients. BMJ 2002;324:71-85.
- Boland B. Traitements antiagrégants et prévention cardiovasculaire. MinervaF 2003;2(7):110-4.
- Belch J, MacCuish A, Campbell I, et al; Prevention of Progression of Arterial Disease and Diabetes Study Group; Diabetes Registry Group; Royal College of Physicians Edinburgh. The prevention of progression of arterial disease and diabetes (POPADAD) trial: factorial randomised placebo controlled trial of aspirin and antioxidants in patients with diabetes and asymptomatic peripheral arterial disease. BMJ 2008;337:a1840.
- Chevalier P. Aspirine pour tous les diabétiques ? MinervaF 2009;8(2):20-1.
- Berger JS, Krantz MJ, Kittelson JM, Hiatt WR. Aspirin for the prevention of cardiovascular events in patients with peripheral artery disease: a meta-analysis of randomized trials. JAMA 2009;301:1909-19.
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