Analyse
Thérapie cognitive basée sur la pleine conscience en prévention des rechutes dépressives ?
15 05 2017
Professions de santé
Ergothérapeute, Médecin généraliste, Psychologue
En 2010, Minerva a traité de la première étude clinique randomisée publiée qui examinait l’effet de la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (Mindfulness Based Cognitive Therapy, MBCT) versus poursuite du traitement par antidépresseurs en prévention des rechutes dépressives (1,2). Nous avions conclu qu’une thérapie cognitive basée sur la pleine conscience paraissait une alternative acceptable pour des patients qui présentaient des dépressions récidivantes et n’étaient pas partisans d’une prophylaxie médicamenteuse en raison d’effets indésirables ou d’une préférence personnelle pour une approche psychothérapeutique. Huit ans plus tard, la prévention des rechutes dépressives reste un problème de santé important, et l’on remet de plus en plus en doute l’efficacité des médicaments et des approches psychothérapeutiques en cas de dépression (récidivante) (3,4).
Une récente méta-analyse basée sur des données individuelles de patients a étudié l’efficacité de la MBCT versus « prise en charge classique » et autres traitements actifs (y compris les antidépresseurs) en prévention des rechutes dépressives (5). On a analysé les données individuelles disponibles de 1258 patients (75% de femmes) provenant de 9 études répondant aux critères d’inclusion. Au cours d’une période de suivi d’une durée de 60 semaines, le risque de rechute dépressive était plus faible chez les patients bénéficiant d’une MBCT que chez ceux qui ne bénéficiaient pas de cette forme de psychothérapie (rapport de hasards (hazard ratio, HR) 0,69 avec IC à 95% de 0,58 à 0,82 ; N = 9 études ; I² 1,7%). Le risque de récidive dans les 60 semaines était également plus faible qu’avec les traitements actifs (HR 0,79 avec IC à 95% de 0,64 à 0,97 ; N = 5 études ; I² 0%), et plus spécifiquement qu’avec les antidépresseurs (HR 0,78 avec IC à 95% de 0,64 à 0,96 ; N = 4 études ; n = 892 patients ; I² 0%). Une méta-analyse sur base des données individuelles des patients permet aussi d’examiner l’influence des caractéristiques des patients sur l’effet du traitement. On n’a pas trouvé de preuves d’un effet différentiel de la MBCT en fonction du sexe, de l’âge, de la formation ou de l’état civil des patients. Toutefois, l’effet de la MBCT était plus important chez les patients qui présentaient des symptômes dépressifs plus graves avant le début du traitement. Les résultats doivent cependant être interprétés avec prudence car les auteurs mentionnent une asymétrie dans le funnel plot. Il existe une présomption que des petites études ayant présenté un risque accru de récidive sous MBCT manquent.
Conclusion
Cette méta-analyse sur base des données individuelles des patients montre que la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience est un traitement valable pour la prévention des rechutes dépressives chez les personnes qui ont guéri d’une dépression mais qui présentent un risque élevé de récidive.
- Pieters G. Prévention d’une rechute de dépression par une thérapie cognitive basée sur la pleine conscience ? MinervaF 2010;9(3):32-3.
- Kuyken W, Byford S, Taylor RS, et al. Mindfulness-based cognitive therapy to prevent relapse in recurrent depression. J Consult Clin Psychol 2008;76:966-78. DOI: 10.1037/a0013786
- Turner EH, Matthews AM, Linardatos E, et al. Selective publication of antidepressant trials and its influence on apparent efficacy. NEJM 2008;358:252-60. DOI: 10.1056/NEJMsa065779
- Driessen E, Hollon SD, Bockting CL, et al. Does publication bias inflate the apparent efficacy of psychological treatment for major depressive disorder? A systematic review and meta-analysis of US National Institutes of Health-Funded Trials. PLoS ONE 2015;10: e0137864. DOI: 10.1371/journal.pone.0137864
- Kuyken W, Warren FC, Taylor RS, et al. Efficacy of mindfulness-based cognitive therapy in prevention of depressive relapse. An individual patient data meta-analysis from randomized trials. JAMA Psychiatry 2016;73:565-74. DOI: 10.1001/jamapsychiatry.2016.0076
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