Revue d'Evidence-Based Medicine



Vaccin contre le pneumocoque : non efficace chez l’adulte



Minerva 2009 Volume 8 Numéro 9 Page 131 - 131

Professions de santé


Analyse de
Huss A, Scott P, Stuck AE, et al. Efficacy of pneumococcal vaccination in adults: a meta-analysis. CMAJ 2009;180:48-58.


Conclusion
Sur base de cette méta-analyse bien réalisée, il n’y a pas de preuve d’une efficacité clinique d’une vaccination contre le pneumocoque chez des adultes en général ou chez certains groupes à risque en particulier. Elle est cependant actuellement recommandée pour ces derniers groupes.


 

Suites en bref...

Cette rubrique de Minerva vous propose un bref résumé de nouvelles études concernant des sujets précédemment traités dans Minerva. Le comité de rédaction estime que l’information nouvelle ne nécessite pas une analyse développée de la publication tout en justifiant une mise au courant de nos lecteurs, en recadrant ces nouvelles données dans la précédente évaluation publiée par nos soins.

 

De précédentes analyses publiées dans Minerva (1-4) ont souligné les controverses quant à l’efficacité et surtout l’efficacité clinique d’une vaccination contre le pneumocoque systématique chez l’adulte ou plus spécifiquement chez des personnes âgées ou avec une pathologie chronique telle que la BPCO.

Une méta-analyse récemment publiée (5) montre qu’il n’existe toujours pas de preuves solides quant à l’efficacité d’une vaccination contre le pneumocoque en termes de prévention de la pneumonie et des décès (spécifiques ou globaux), ni pour l’ensemble des adultes, ni pour certains groupes à risque. En outre, elle montre qu’au plus haute est la qualité de l’étude (double aveugle, secret de l’attribution), au plus bas est l’efficacité du vaccin. Cette différence apparaît principalement pour la prévention d’une pneumonie supposée à pneumocoque ou d’une pneumonie en général. Pour une pneumonie supposée à pneumocoque, le risque relatif est ainsi de 1,20 (intervalle de confiance à 95% est souvent choisi. Ceci signifie que, si l’enquête ou étude est reproduite 100 fois dans la même population avec des échantillons différents, dans 95 des cas la valeur trouvée se situera dans l’intervalle de confiance donné. Cela s’appelle un intervalle de confiance à 95%. L’intervalle de confiance nous renseigne sur la fiabilité des valeurs trouvées dans l’étude. Les limites inférieures et supérieures de l’intervalle de confiance sont appelées marges de fiabilité ou limites de confiance. Au moins les valeurs extrêmes sont éloignées, au plus l’intervalle de confiance est étroit et au plus l’effet observé est un reflet fiable de l’effet réel. L’intervalle de confiance dépend de la variabilité (exprimée par l’écart type) et de la taille de l’échantillon (le nombre de personnes dans l’étude). Plus l’échantillon est numériquement important, plus l’intervalle de confiance est étroit.">IC à 95% de 0,75 à 1,92) dans les études en double aveugle et de 0,09 (IC à 95% de 0,01 à 1,64) dans les études non en double aveugle, ouvertes. L’effet sur la mortalité est moins hétérogène et oscille toujours autour d’un risque relatif de 1. Ces observations sont contradictoires avec celles d’une synthèse méthodique Cochrane (6) qui relève une plus grande efficacité pour les infections invasives à pneumocoques : cote (Eng : odds) représente un rapport de risque, le rapport entre la probabilité de survenue d’une maladie ou d’un évènement et la probabilité de non survenue de cette maladie ou de cet évènement. Un rapport de cotes est un rapport entre 2 cotes.">OR 0,26 ; IC à 95% de 0,15 à 0,46. Les auteurs de la présente méta-analyse attribuent cette différence à l’inclusion de deux études plus anciennes dans la synthèse Cochrane : une première réalisée en haute montagne en Papouasie-Nouvelle-Guinée, la seconde chez des personnes âgées à New York. Eux-mêmes avaient exclu ces deux études en raison de limites méthodologiques sérieuses.

 

Conclusion

Sur base de cette méta-analyse bien réalisée, il n’y a pas de preuve d’une efficacité clinique d’une vaccination contre le pneumocoque chez des adultes en général ou chez certains groupes à risque en particulier. Elle est cependant actuellement recommandée pour ces derniers groupes.

 

 

Références

  1. Govaerts F. Pneumokokkenvaccinatie in de huisartspraktijk. Minerva 1999;28(6):244-7.
  2. van Driel M. Pneumokokkenvaccinatie. Minerva 2000;29(8):366-9.
  3. Lemiengre M, van Driel M. Vaccineren tegen influenza en pneumokokken bij 65-plussers? Minerva 2001;30(8):383-4.
  4. Michiels B. Vaccin pneumococcique en cas de BPCO ? MinervaF 2007;6(5):66-8.
  5. Huss A, Scott P, Stuck AE, et al. Efficacy of pneumococcal vaccination in adults: a meta-analysis. CMAJ 2009;180:48-58.
  6. Moberley SA, Holden J, Tatham DP, Andrews RM. Vaccines for preventing pneumococcal infection in adults. Cochrane Database Syst Rev 2007, Issue 3.
Vaccin contre le pneumocoque : non efficace chez l’adulte

Auteurs

Michiels B.
Vakgroep Eerstelijns- en Interdisciplinaire Zorg, Centrum voor Huisartsgeneeskunde, Universiteit Antwerpen
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