Revue d'Evidence-Based Medicine
Effets indésirables importants des inhibiteurs des cholinestérases
Suites en bref...
Cette rubrique de Minerva vous propose un bref résumé de nouvelles études concernant des sujets précédemment traités dans Minerva. Le comité de rédaction estime que l’information nouvelle ne nécessite pas une analyse développée de la publication tout en justifiant une mise au courant de nos lecteurs, en recadrant ces nouvelles données dans la précédente évaluation publiée par nos soins. |
Nous avons déjà souligné dans la revue Minerva (1,2) que les RCTs évaluant l’intérêt des inhibiteurs des cholinestérases dans le traitement de la maladie d’Alzheimer n’étaient pas conçues pour relever leurs effets indésirables et s’attardaient peu sur leur mention. La démence en elle-même en réduit le signalement. Les principaux effets indésirables rapportés sont anticholinergiques : nausées, vomissements, diarrhée, anorexie, perte de poids, somnolence, céphalées, crampes musculaires et troubles d’équilibre (1).
Une étude de cohorte bien menée (3), se référant à une base de données importante au Canada, cible spécifiquement le risque de syncope et critères associés. Versus 61 499 personnes contrôle non traitées, 19 803 personnes démentes maintenues à domicile ont reçu des inhibiteurs des cholinestérases. Les consultations hospitalières ont été plus fréquentes dans le groupe traité par inhibiteurs des cholinestérases pour syncope (HR de 1,76 avec IC à 95% de 1,57 à 1,98) et bradycardie (HR de 1,69 avec IC à 95% de 1,32 à 2,15). C’est la première fois qu’un lien direct est montré entre un recours à des inhibiteurs des cholinestérases et un risque augmenté d’implantation d’un pace-maker ou de survenue d’une fracture de hanche. En 2007, la pharmacovigilance allemande avait déjà signalé des problèmes cardiaques en cas d’utilisation de donépézil (4). Etant donné que les inhibiteurs des cholinestérases ne donnent une amélioration cliniquement pertinente des capacités cognitives et de fonctionnement global que dans un petit sous-groupe de patients et ceci de façon temporaire (1), leur utilisation doit être mise en balance avec leurs effets indésirables tels que syncope et bradycardie.
Conclusion
Le risque accru d’effets indésirables tels que syncope et bradycardie sous inhibiteurs des cholinestérases, impose une évaluation individuelle soigneuse avant leur initiation et une réévaluation rigoureuse tous les 6 mois.
Références
- Michiels B. Traitement médicamenteux de la démence. MinervaF 2008;7(10):146-7.
- Michiels B. Inhibiteurs des cholinestérases : preuves scientifiques ? MinervaF 2006;5(6):94-6.
- Gill SS, Anderson GM, Fischer HD, et al. Syncope and its consequences in patients with dementia receiving cholinesterase inhibitors: a population-based cohort study. Arch Intern Med 2009;169:867-73.
- Donépezil: syncopes. Rev Prescr 2008;28:105.
Auteurs
Michiels B.
Vakgroep Eerstelijns- en Interdisciplinaire Zorg, Centrum voor Huisartsgeneeskunde, Universiteit Antwerpen
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