Analyse
Chirurgie bariatrique et accidents cardiovasculaires à long terme
28 11 2012
Professions de santé
Texte et traduction sous la responsabilité de la rédaction néerlandophone
Il ressort des précédentes analyses sur l’utilité de la chirurgie bariatrique, publiées dans Minerva, que ces interventions réalisées chez des personnes obèses ont, même après un suivi de plus longue durée (jusqu’à 10 ans), un effet bénéfique sur la réduction du poids corporel, la comorbidité (surtout diabète) et la mortalité totale (1-8).
En ce qui concerne les critères de jugement secondaires infarctus du myocarde et ACV, les investigateurs suédois Sjöström et coll. ont récemment rapporté les résultats d’une étude non randomisée discutée antérieurement (n=2 047, durée de suivi de 14,7 ans en moyenne) (9). La chirurgie bariatrique diminuait la mortalité cardiovasculaire (HR 0,47 ; IC à 95% de 0,29 à 0,76). Le nombre de participants présentant un premier accident cardiovasculaire (infarctus du myocarde ou ACV) était également moins élevé dans le groupe de personnes opérées (HR 0,67 ; IC à 95% de 0,54 à 0,83). Chez 13% des personnes opérées, des complications postopératoires sont toutefois survenues.
Une nouvelle étude non à double aveugle mais randomisée, réalisée par Schauer et coll. et menée chez 150 patients obèses atteints de diabète de type 2 non contrôlé (66% de femmes, âge moyen 49 ans), a évalué l’effet d’une chirurgie bariatrique versus traitement médicamenteux (10). Après 12 mois de suivi, il y avait une réduction plus significative de l’HbA1c moyen chez les participants qui avaient subi une intervention bariatrique (de 9,3 ±1,4% à 6,4 ±0,9% dans le groupe Roux-en-Y by-pass et de 9,5 ±1,7% à 6,6 ±1,0% dans le groupe ayant subi un rétrécissement de l’estomac ; 42% respectivement 37% des participants avec HbA1c <6%), par rapport aux participants du groupe qui avaient bénéficié d’un traitement médicamenteux (de 8,9 ±1,4% à 7,5 ±1,8% ; 12% de participants avec HbA1c <6). Ce bénéfice était associé à une prise moins élevée de médicaments et à une perte de poids plus importante. Un suivi de plus longue durée est évidemment indiqué pour démontrer la durabilité de ces résultats, bien que l’étude suédoise avait déjà montré un effet durable après un suivi de 10 ans (4). En ce qui concerne les effets indésirables, Schauer et al. ont constaté que 22% des participants dans le groupe by-pass présentaient des complications nécessitant une hospitalisation contre8 % dans le groupe qui avait subi un rétrécissement de l’estomac et 9% dans le groupe traité de façon conventionnelle.
En 2012, une étude similaire a été menée chez 60 patients obèses (IMC moyen >35, âge moyen 43 ans, environ 50% d’hommes) atteints de diabète depuis plus de 5 ans (11). Après 2 ans de suivi, 75% des participants dans le groupe Roux-en-Y by-pass et 95% dans le groupe traité par diversion bilio-pancréatique montraient une rémission de leur diabète (= <100 mg% glycémie à jeun + <6,5% HbA1c + absence d’antibiotique) versus 0% dans le groupe traité de façon conventionnelle. L’intervention de diversion bilio-pancréatique était toutefois associée à un plus grand nombre de complications tels une carence en fer et en albumine, de l’ostéopénie et de l’ostéoporose malgré les suppléments de multivitamines et minéraux qui avaient été administrés de manière préventive. Quelques complications postopératoires sont également survenues. Un suivi médical avec traitement des carences reste donc nécessaire.
Conclusion
Ces études confirment les données antérieures qui suggéraient que la chirurgie bariatrique est efficace chez les personnes obèses pour prévenir des complications cardiovasculaires et pour remédier au diabète, mais que cette intervention est associée à des effets indésirables parfois graves et/ou gênants.
Références
- Michiels B. Mortalité 7-10 ans après chirurgie bariatrique. MinervaF 2008;7(4):64.
- Sjöström L, Narbro K, Sjöström CD, et al; Swedish Obese Subjects Study. Effects of bariatric surgery on mortality in Swedish obese subjects. N Engl J Med 2007;357:741-52.
- Adams TD, Gress RE, Smith SC, et al. Long-term mortality after gastric bypass surgery. N Engl J Med 2007;357:753-61.
- Michiels B. Chirurgie de l’obésité: dix ans de suivi. MinervaF 2005;4(10):150-2.
- Sjöström L, Lindroos A, Peltonen M, et al. Lifestyle, diabetes and cardiovascular risk factors 10 years after bariatric surgery. N Engl J Med 2004;351:2683-93.
- Michiels B, Vermeire E, Peeters M. Chirurgie de l'obésité. MinervaF 2004;3(7):109-12.
- Zinzindohoue F, Chevallier J-M, Douard R, et al. Laparoscopic gastric banding: a minimally invasive surgical treatment for morbid obesity. Prospective study of 500 consecutive patients. Ann Surg 2003;237:1-9.
- Ceelen W, Walder J, Cardon A, et al. Surgical treatment of severe obesity with a low-pressure adjustable gastric band. Experimental data and clinical results in 625 patients. Ann Surg 2003;237:10-6.
- Sjöström L, Peltonen M, Jacobson P, et al. Bariatric surgery and long-term cardiovascular events. JAMA 2012;307:56-65.
- Schauer PR, Kashyap SR, Wolski K, et al. Bariatric surgery versus intensive medical therapy in obese patients with diabetes. N Engl J Med 2012;366:1567-76.
- Mingrone G, Panunzi S, De Gaetano A, et al. Bariatric surgery versus conventional medical therapy for type 2 diabetes. N Engl J Med 2012;366:1577-85.
Auteurs
Michiels B.
Vakgroep Eerstelijns- en Interdisciplinaire Zorg, Centrum voor Huisartsgeneeskunde, Universiteit Antwerpen
COI :
Glossaire
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